À mon seul désir ★★★☆

Aurore (Louise Chevillotte) décide un beau jour de pousser la porte d’un club de striptease parisien et d’y travailler. Elle y est accueillie par Mia (Zita Hanrot), une stripteaseuse qui rêve de devenir comédienne.

Un double scrupule m’a habité pendant toute la première moitié du film. Je l’appelerais : échec et mate.
Échec ressenti d’un film à porter un regard original sur un cabaret de striptease, sur ses numéros, plus démodés qu’affriolants, sur la chaleureuse complicité qui y serait la règle entre les filles qui y travaillent. Voire malaise à enjoliver une réalité qu’on imagine volontiers, à tort ou à raison, plus glauque et plus phallocratique.
Mate : même si le film joue la carte du féminisme et vise expressément un public féminin (« l’idée que les femmes puissent avoir envie de mettre leur corps en représentation m’a toujours fascinée » écrit la réalisatrice dans le dossier de presse), on se demande qui il intéressera sinon de vieux cochons libidineux (comme moi ?) qui iront le voir pour se rincer l’oeil.

Mais mes réserves ont lentement sauté. La raison en était moins la façon dont Lucie Barleteau décrivait ce club de striptease. Je ne l’ai pas trouvée très originale par rapport aux ambiances de maison close décrites dans La Maison, dans Filles de joie ou dans l’excellent Party Girl, un mélange de sororité froufroutante, de sensualité un peu artificielle et de peur toujours sous-jacente que la violence masculine ne déborde.
La raison en vient du scénario qui aurait pu paresseusement se borner à présenter un milieu, sur un mode quasi-documentaire (le caméo de Frederick Wiseman, le célèbre documentariste qui avait plongé dans les coulisses du Crazy Horse, pouvait le laissait augurer). Mais le scénario raconte une histoire. Une histoire poignante – même si certaines critiques avec lesquelles je suis en désaccord la trouvent téléphonée : la relation d’amitié et bientôt d’amour qui se noue entre Aurore et Mia.

Cette histoire est portée par deux actrices épatantes. On connaît depuis longtemps Zita Hanrot, César 2016 du meilleur espoir féminin, qui réussit à se faire une place au soleil, malgré l’ombre portée de ses consœurs, Leïla Bekhti, Hafsia Herzi, Sabrina Ouazani, Oulaya Amamra, Lyna Khoudri… On connaît moins bien Louise Chevillotte, dont la première apparition chez Philippe Garrel, dans L’Amant d’un jour en 2017, m’avait subjugué. Elle a la capacité rare de se métamorphoser d’une scène à l’autre, banale dans ce plan-ci, renversante de beauté le plan suivant.

La bande-annonce

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