Cry Macho ★☆☆☆

Mike Milo (Clint Eastwood) est un vieux dresseur de chevaux texan dont la vie a été doublement brisée par un grave accident de rodéo puis par la mort accidentelle de sa femme et de sa fille dans un accident de la route. Son employeur a eu beau le licencier sans état d’âme quelques années plus tôt, Mike le voit revenir en lui demandant un ultime service : aller chercher à Mexico son fils Rafo, un jeune garçon en pleine crise d’adolescence.

Clint Eastwood a quatre-vingt-onze ans. Difficile d’oublier cet âge canonique quand on regarde son quarantième film, le quatre-vingt-douzième en tant qu’acteur, le vingt-cinquième dans lequel il se dirige. Une filmographie d’autant plus impressionnante que l’oeuvre d’Eastwood, après avoir suscité des réserves pour ses dérives virilistes et vigilantistes, est désormais portée aux nues comme sommet du néoclassicisme hollywoodien.
J’avoue ne pas communier à cette religion. Million Dollar Baby ne figure pas dans mon panthéon. Pas plus que Impitoyable ou Gran Torino. J’ai aimé Le Cas Richard Jewell ainsi que, dans une moindre mesure La Mule. Mais j’ai rarement vu film plus bâclé que Le 15h17 pour Paris.

J’ai bien failli ne mettre aucune étoile à Cry Macho et en rédiger une critique assassine où j’aurais méchamment raillé « le film de trop ». J’aurais évoqué la démarche claudicante d’Eastwood dont on se demande à chaque pas s’il ne va pas s’effondrer. J’aurais pointé du doigt la doublure qui le remplace lorsqu’il prétend dompter un mustang sauvage. Je me serais moqué de l’attraction qu’il exerce – ou croit exercer – sur les deux femmes qu’il croise, une nymphomane qui veut le mettre dans son lit (dont on se demande bien dans quel état il en ressortirait) et une veuve qui esquisse avec lui les quelques pas de danse qu’il partageait, il y a plus d’un quart de siècle, avec Meryl Streep dans Sur la route de Madison. Et puis surtout, j’aurais été sans pitié pour ce film indigent, son scénario sans imagination le ressassement ad nauseam des deux thèmes qui traversent toute l’oeuvre d’Eastwood, la transmission et la rédemption, le jeu caricatural de cet adolescent insupportable – dont on comprend aisément que sa mère ait envie de le renvoyer dans sa chambre avec une bonne fessée.

Mais j’ai ravalé mon fiel. Certes je n’ai pas poussé l’indulgence jusqu’à lui octroyer plusieurs étoiles. Mais je n’ai pas osé tirer sur l’ambulance. Face à ce qui pourrait bien être le dernier film de Clint Eastwood – en tous cas certainement le dernier où il jouera sur ses deux jambes – je lui ai reconnu le droit de dresser lui-même son éloge funèbre. Un bel éloge sous forme d’auto-dérision avec une phrase qui est déjà entrée dans la légende eastwoodienne : « This macho thing is overrated ».

La bande-annonce

4 commentaires sur “Cry Macho ★☆☆☆

  1. Merci Yves pour ces mots choisis à la précision. Il ne fait aucun doute que rien ne peut sauver ce film. Pas même l’étoile, ce qui est peut être un peu injuste pour les films dénués d’étoile, non.
    As tu vu « la jeune fille et l’araignée » ?

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