Viens je t’emmène ★☆☆☆

Médéric (Jean-Charles Clichet) est un geek clermontois, maladroit et célibataire, amateur de course à pied. Alors qu’un attentat meurtrier vient de frapper la capitale auvergnate et que la paranoïa gagne ses habitants, Médéric noue une idylle improbable avec Isadora (Noémie Lvovsky), une prostituée dans la force de l’âge, aliénée par un mari violent.

Alain Guiraudie est un réalisateur hors normes. Communiste, homosexuel, aveyronnais, il s’est fait connaître en 2013 avec L’Inconnu du lac – dont l’affiche polémique avait été retirée à Versailles et à Saint-Cloud. En 2016, Rester vertical divisait la critique. Zéro étoile pointé dans mon blog et un commentaire lapidaire :  » Rester vertical est peut-être un bon film. Mais je l’ai détesté. »

Viens je t’emmène n’aura pas suscité de ma part une telle hostilité. Mon jugement n’en est pas pour autant enthousiaste.

J’ai trouvé en effet que les deux récits qui y étaient entremêlés peinaient à se rencontrer.

D’un côté, c’est l’histoire d’amour qui se noue entre un célibataire maladroit et une prostituée aux orgasmes retentissants. Cette histoire d’amour qui n’a rien de romantique est joyeusement dionysiaque. Elle est l’occasion de plusieurs scènes de sexe systématiquement interrompues par un facteur extérieur : le flash télévisé qui annonce l’attentat, l’arrivée impromptue du mari d’Isadora, un appel téléphonique de l’associée de Médéric (Dora Tillier méconnaissable), etc. Noémie Lvovsky, dans une improbable fourrure rouge renard, y prend, comme toujours, sa part à la perfection en jouant du charme gouailleur qu’elle possède.

De l’autre, c’est une histoire plus politique qu’Alain Guiraudie nous raconte en montrant le poison délétère que le terrorisme distille dans une ville de province qui se claquemure pour se protéger d’un meurtrier en cavale. L’action se recentre sur l’immeuble où habite Médéric et où il a accepté d’héberger temporairement Sélim, un jeune Maghrébin qui se dit à la rue et qui pourrait en fait être recherché par la police. Cet hôte inopiné excite les réactions contrastées des voisins de Médéric : certaines sont franchement haineuses, d’autres sont plus empathiques.

Alain Guiraudie avait la matière pour faire deux films, tout aussi stimulants l’un que l’autre. L’émulsion qu’il a essayé de concocter n’est pas franchement réussie.

La bande-annonce

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