Querelle (1982) ★★★☆

Querelle (l’acteur américain Brad Davis auréolé du succès de Midnight Express et des Chariots de feu) est un matelot embarqué à bord du Vengeur, un aviso commandé par le lieutenant (sic) Seblon (l’Italien Franco Nero, grand héros de westerns spaghettis). Querelle fait escale à Brest où il retrouve son frère Robert (l’Autrichien Hanno Pöschl). Robert est l’amant de Lysiane (la Française Jeanne Moreau) qui tient un bar, la Feria, avec son mari Nono (l’Allemand Günther Kaufmann).
Pour coucher avec Lysiane, les clients de la Feria doivent jouer aux dés avec Nono. S’ils gagnent, ils peuvent jouir des charmes de la patronne ; s’ils perdent, ils doivent se donner au patron.

Querelle est un film mythique. Parce que c’est le dernier de Rainer Fassbinder, brutalement décédé dans des circonstances troubles (rupture d’anévrisme ? overdose ?) alors qu’il travaillait à son montage. Parce que c’est l’adaptation du sulfureux livre du non moins sulfureux Jean Genêt.
Son affiche avait fait scandale et avait été interdite (ne reculant devant aucune audace pour satisfaire, cher lecteur, votre curiosité intellectuelle, je l’ai publiée au regard de ma critique en espérant qu’elle ne me vaudra pas les foudres – avec un d – de la censure).

Mais c’est surtout son atmosphère homo-érotique, artificielle (le film a été entièrement tourné en studio à Munich) et baroque qui donne à Querelle son parfum inimitable. Je n’ai pas réussi à déterminer si Jean-Paul Gaultier s’en est inspiré ou si, au contraire, c’est lui qui a inspiré à Fassbinder cette ambiance immédiatement identifiable.

Dans mes critiques de films « anciens », je pose souvent la question de savoir s’ils ont bien vieilli ou pas. La réponse est éminemment subjective. J’ai l’impression que la mienne est souvent négative, étant peut-être trop influencé par le cinéma d’aujourd’hui, ses tics et ses tocs, pour goûter à sa juste valeur le cinéma dit « classique ».
Je n’ai pas aimé Querelle ; car je n’ai pas aimé son scénario trop confus et son ambiance lourde et poisseuse. Pour autant, je ne crois pas que ce film intemporel ait mal vieilli. Il a réussi à créer une forme incroyablement novatrice et audacieuse, en parfaite adéquation avec son sujet. Qu’on l’aime ou pas, force est d’en reconnaître la cohérence et la force.

La bande-annonce

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