Portraits fantômes ★☆☆☆

Le réalisateur Kleber Mendonça Filho est né et a grandi à Recife, la capitale du Pernambouc dans le Nordeste brésilien. Il a gardé le souvenir de la maison familiale qui servit de décor à ses premiers essais filmiques et celui des nombreux cinémas du centre ville aujourd’hui désaffectés.

Divisé en trois chapitres d’inégale importance, Portraits fantômes est un documentaire frappé au sceau de la nostalgie, construit à partir de vieilles cassettes VHS filmées par le jeune Kleber pendant sa jeunesse et d’images d’archives plus anciennes.

On y voit l’incroyable explosion démographique de Recife dont la population a quintuplé entre 1920 et 1980. Le paisible front de mer où les parents du jeune Kleber ont acheté une petite maison à deux étages s’est transformé en bouillonnant quartier résidentiel hérissé de buildings. Cette mutation urbaine était précisément le sujet de ses deux premiers films, Les Bruits de Recife en 2012 et Aquarius en 2016.

La deuxième partie des Portraits fantômes, de loin la plus longue, est une promenade mélancolique dans les anciens cinémas de Recife. Le sujet n’est pas nouveau. Il n’est pas illogique que des réalisateurs ou des documentaristes soient, de par leur profession, plus sensibles à la nostalgie des vieilles salles de cinéma qu’à celle des anciennes usines de ciment. On pense à Cinema Paradiso bien sûr, à Splendor d’Ettore Scola, à Serbis du philippin Brillante Mendoza et plus récemment à deux documentaires tournés au Soudan (Talking about Trees) et en Guinée (Au cimetière de la pellicule).

Non content d’être sensible à ce sujet, le réalisateur, en consacrant un film à la fermeture d’un vieux cinéma sait qu’il touchera un public conquis d’avance. Le cinéphile que je suis ne peut qu’être plus ému par la fermeture d’une salle de cinéma que par celle d’une usine de ciment. Pour autant, un bon sujet ne suffit pas à faire un bon film. Pour sincère que soit Kleber Mendonça Filho, ses Portraits fantômes ne présentent pas suffisamment de densité ni d’intérêt pour marquer durablement la mémoire.

La bande-annonce

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