Guibord s’en va-t-en guerre ★☆☆☆

Hockeyeur cloué au sol par une aérodromophobie (sic !), Steve Guibord est devenu le député indépendant de Prescott-Makadewa-Rapides-aux-Outardes au Québec. Lorsque le Parlement doit donner son feu vert à l’intervention militaire canadienne au Moyen-Orient, la voix de Steve Guibord va s’avérer déterminante. Bien embarrassé, le député québecois ne sait quelle opinion suivre : celle de sa fille pacifiste, opposée à la guerre ? ou celle de sa femme, plus pragmatique ? La solution lui viendra peut-être de son stagiaire haïtien, qui puise son inspiration dans Rousseau et Montesquieu.

L’engagement d’un pays dans une guerre extérieure est une situation éminemment cinématographique. S’engagera ? s’engagera pas ? On imagine les thrillers qu’on pourrait tirer de l’engagement de la guerre en Irak en 2003 — c’est d’ailleurs la toile de fond de la bande dessinée « Quai d’Orsay » portée à l’écran par Bertrand Tavernier — ou des tergiversations occidentales face à lasituation en Syrie.

C’est sous l’angle comique que le Québecois Philippe Falardeau décide de la traiter. Pourquoi pas. Le problème est que le prétexte du film est bien vite oublié pour se focaliser sur un autre sujet : la restauration d’une authentique démocratie représentative loin des compromissions et des calculs politiciens. Mais Philippe Falardeau n’est pas Frank Capra et « Guibord s’en va-t-en guerre » n’arrive pas à la cheville de « Monsieur Smith au Sénat ». Les efforts de Steve Guibord pour gérer l’encombrante responsabilité qui lui est bien involontairement échue ne sont pas d’une grande intelligence. Plus grave : ils ne font même pas sourire.

Et on regrette que le film ne se soit pas concentré sur son premier sujet : pour quels motifs décider — ou pas — d’entrer en guerre ? Au nom d’une responsabilité internationale ? d’une destinée manifeste ? Pour défendre les droits de l’homme ? ou un modèle culturel ? Au prix de la vie de ses propres soldats ? Jusqu’à quel niveau de sacrifice ? Autant de questions que cette gentille bluette ne pose même pas.

La bande-annonce

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