Jacques, un acteur de seconde zone, fuyant des créanciers trop pressants, se retrouve dans le nord du Québec en costume de théâtre. Il y croise Simon, un vieil agriculteur sur son motoneige qui accepte de le secourir. Mais la générosité de Simon n’est pas désintéressée : il exige de Jacques qu’il l’assiste dans son commerce de … cannabis.
Ainsi présentée, l’intrigue de ces bien-nommées Mauvaises herbes semble particulièrement peu crédible. Elle fonctionne pourtant étonnamment bien, quelques images suffisant à la planter (si on ose dire). On voit d’abord Jacques jouer le texte d’une pièce qu’un public endormi suit d’un œil distrait, l’autre occupé à textoter. On le voit ensuite semer ses créanciers dans une course poursuite burlesque à travers Montréal. On le retrouve enfin sur une route verglacée de l’hiver canadien, dans sa tenue de petit marquis Louis XV, fuir le double danger de la pègre et de l’hypothermie.
Mais l’intrigue menace de s’arrêter une fois que Jacques et Simon concluent leur pacte gentiment criminel. Pour que l’intrigue avance, il faut introduire un troisième personnage, Francesca, une employée des eaux venue relever les compteurs et découvrant, bien malgré elle, les plantations de cannabis. Le duo se transforme en trio. Et rebelote : il faut encore élargir le cercle pour faire avancer une intrigue qui devient vite répétitive.
Pour tout gâcher, le dernier tiers du film verse dans la guimauve sentimentale, hélas douloureusement prévisible. Reste le plaisir toujours renouvelé des dialogues québecois, qu’on ne comprendrait pas sans l’aide des sous-titres, mais dont la truculence suffit bien involontairement à ravir le spectateur français.