Roman (Benjamin Sulpice) est hanté par une obsession : se faire exploser. Son geste n’a aucune dimension politique. Il n’entend pas commettre un attentat ni mettre la vie de quiconque en danger. Il veut simplement s’effacer. Il met plusieurs de ses amis dans la confidence.
Permanent Green Light est un film à quatre mains cosigné par le plasticien français Zac Farley et le romancier américain Dennis Cooper. Né en 1953, Cooper est l’auteur d’une œuvre romanesque, dramaturgique et poétique au parfum de scandale. Son blog et son compte GMail avaient été suspendus en 2016 par Google en raison de son contenu avant d’être rétablis deux mois plus tard suite à la campagne de presse qu’avait provoquée cette décision.
Permanent Green Light porte un discours très ambigu sur le suicide. Sans doute n’encourt-il pas les foudres de l’article 223-13 du code pénal qui criminalise l’incitation au suicide. Mais il s’en approche dangereusement. Il donne à voir successivement trois suicides : par pendaison, par défenestration, par explosion. Il ne met en scène aucun adulte – sinon deux parents éplorés par la mort de leur enfant – susceptible d’offrir une référence à ces adolescents déboussolés. Il n’offre aucun contrepoint aux pulsions mortifères de Roman.
Permanent Green Light est un film perturbant. Présenté l’an passé sous la forme d’un moyen métrage de cinquante-huit minutes, il sort cette année en salles lesté de trente minutes supplémentaires qui ne lui apportent rien. C’est un pensum interminable qui met en scène des adolescents catatoniques et passifs. La direction d’acteurs est calamiteuse. Le scénario souffre d’un vice insurmontable : au lieu de se concentrer sur le seul Roman, il suit la route de ses camarades au point qu’on ne comprend bientôt plus qui est qui.