Mylia est adolescente. Elle habite au fond de la campagne québécoise une petite maison avec ses parents et sa sœur cadette, la turbulente Camille. Elle s’apprête à effectuer sa rentrée scolaire dans un nouveau collège. Elle y fait deux rencontres déterminantes : Jacinthe, une redoublante délurée, et Jimmy, un beau et ténébreux collégien.
Le titre du film laisse penser que son action se déroulera le temps d’une colonie de vacances. Mais il n’en est rien. Plus classiquement, on suivra Mylia durant les premières semaines de cours jusqu’aux fêtes d’Halloween et aux premières neiges. Dans son nouvel environnement, l’adolescente timide et réservée est désorientée. Elle peine à se plier aux injonctions qui lui sont adressées par ses aînées : tenue vestimentaire, maquillage, relation aux garçons. Elle est à la fois impatiente et terrifiée à l’idée de sacrifier à ces rites de passage.
Simultanément une histoire se tisse autour du personnage de Jimmy qui fait partie de la tribu des Amérindiens Abenaki. Comme Mylia, il nage en plein désarroi identitaire : ses origines lui sont rappelées par une enseignante pourtant bienveillante alors qu’il n’aspire qu’à l’invisibilité.
Une colonie ne révolutionnera pas le genre, déjà bien fourni, du roman d’apprentissage. Diffusé en France dans un réseau confidentiel de salles malgré le prix du meilleur film qu’il a décroché aux Canadian Screen Awards 2019 (les Oscars canadiens), il est condamné à passer inaperçu de ce côté-ci de l’Atlantique. Pourtant, il porte un double exotisme : on réalise en le visionnant que le cinéma québécois ne se réduit pas aux seuls films de Xavier Dolan et que les ados mal dans leur peau n’habitent pas tous en banlieue parisienne.
Et on n’oubliera pas de sitôt la prestation de la jeune Emilie Bierre, déjà remarquée dans Genèse, qui s’est vue décerner pour son rôle le prix de la meilleure actrice aux Canadian Screen Awards 2019.