Le premier quart d’heure de Dheepan annonce un grand film. Jacques Audiard plante le décor et nous prend aux tripes en quelques plans : un rebelle tamoul démobilisé trouve dans un camp de réfugié une femme et une fille pour demander l’asile familial en France.
Mais ensuite tout se gâte. Dheepan est engagé comme concierge d’une barre d’immeubles gouvernés par des dealers. On ne saura rien des motifs de la guerre des gangs qui y fait rage. Mais notre héros, qui croyait avoir quitté l’enfer, s’y retrouve plongé à son corps défendant.
Documentaire sur les banlieues françaises en déshérence ? Hymne à l’intégration républicaine ? Glorification hyperviolente de l’auto-défense louchant du côté de Charles Bronson ? Grand film romantique sur un homme en pleine reconstruction ? Dheepan – un titre sponsorisé par Pizza Hut ? – hésite entre ces registres
Jacques Audiard est l’un des plus grands réalisateurs contemporains. « Un prophète », « De rouille et d’os », « De battre mon cœur s’est arrêté », « Sur mes lèvres » sont des chefs d’œuvre.
Il méritait la Palme d’Or pour l’ensemble de son œuvre. Pas sûr que « Dheepan » la méritât.