En 1980, Björn Borg, âgé de vingt-quatre ans à peine, est déjà au sommet de sa gloire. Vainqueur à quatre reprise du tournoi de Wimbledon, il remet une cinquième fois son titre en jeu. John McEnroe, avec son jeu de service-volée et ses facéties de mauvais garçon, pourrait remettre en cause sa suprématie.
Le cinéma a toujours peiné à filmer le sport de haut niveau. Certes des films ont été tournés autour d’un stade de football (À nous la victoire, Joue-là comme Beckham, Goal!, Looking for Eric), d’un circuit de formule 1 (Rush), des routes en lacets du Tour de France (The Program). Mais aucun n’est un chef d’œuvre. Idem pour le tennis où je ne peux guère citer que le très oubliable La plus belle victoire que ne réussit pas à sauver le coup droit de Kirsten Dunst.
Aussi c’était une sacrée gageure pour le réalisateur danois Janus Metz (auteur de l’excellentissime Armadillo) de faire revivre les légendes du tennis des années 80.
Cette époque a pour moi le goût des madeleines proustiennes. En 1980, j’avais neuf ans. Et je rejouais avec une raquette et une balle contre le mur du garage les matchs les plus exaltants de Roland Garros et de Wimbledon. Jimmy Connors, Vitas Gerulaitis, Roscoe Tanner étaient mes idoles. Mais mon Dieu avait pour nom Borg. J’étais fasciné par sa grâce féline. Par son patient jeu de fond de cours. Par la maîtrise absolue de ses émotions. Et par son invincibilité. J’avais neuf ans et j’y étais résolu : quand je serai grand j’aurai les cheveux longs, un serre-tête en éponge… et je serai numéro 1 au classement ATP. La vie en a décidé autrement…
Reste pour moi cette vénération enfantine pour le dieu suédois. Je l’ai retrouvé sous les traits de l’acteur (islandais) Sverrir Gunadson : même beauté, même grâce, même détermination inébranlable. En revanche la star américaine Shia LeBoeuf déçoit dans son interprétation brouillonne de John McEnroe. Décidément des deux héros, le meilleur, sur les cours comme sur l’écran, c’est Borg.