En décembre 1890, trois cents Sioux lakota sont massacrés par le 7ème de cavalerie à Wounded Knee. Pour entretenir leur mémoire, leurs descendants entreprennent chaque année une chevauchée commémoratives de plusieurs de centaines de kilomètres à travers les plaines enneigées du Dakota. La documentariste Stéphanie Gillard les a suivis.
Mise à part une brève introduction très pédagogique qui nous explique les événements historiques de la fin du dix-neuf siècle, The Ride adopte un parti pris radical et minimaliste. Le documentaire commence le premier jour de la chevauchée et se termine à son arrivée à Wounded Knee. Ni plus ni moins. Pas de voix off. Pas d’inserts. Un documentaire qui alterne de longs plans séquences filmant en panoramique la caravane qui s’achemine lentement et des discussions, à la veillée, avec des anciens ou des plus jeunes.
Car cette chevauchée, on le comprend vite, a une vocation pédagogique. Il s’agit pour les aînés de transmettre aux plus jeunes le souvenir de leur histoire. Ils le font avec une grande douceur, sans désir de vengeance ce qui donne à The Ride un parfum de western mélancolique. Sans quitter la petite communauté des cavaliers, on comprend vite qu’elle est isolée au milieu des États-Unis, qui ont dépossédé les Amérindiens de leur identité culturelle. (Mal) intégrés, ils parlent anglais, portent des jeans et vivent comme des Américains de la classe pauvre. Juchés sur leurs chevaux, avec leurs bâtons de prière, ces descendants des Sioux massacrés à Wounded Knee sont tout à la fois majestueux et dérisoires.
Le problème est que The Ride manque de souffle et que l’interprétation (stimulante ?) que je viens d’en faire est plus le produit d’une relecture a posteriori que d’un ressenti sur le coup. En se bornant à suivre la morne caravane, qui traverse la plaine gelée sans qu’aucune péripétie ne vienne égayer sa lente pérégrination, Stéphanie Gillard n’échappe pas à l’ennui qui bientôt s’installe et ne nous quittera plus.