Henri Charrière dit Papillon a été condamné pour un meurtre qu’il a toujours nié aux travaux forcés à perpétuité en 1931. Déporté en 1933 en Guyane, il réussit à s’évader en 1944.
Ses mémoires, publiées en 1969, sont un best-seller. Elles sont portées à l’écran en 1973 avec Steve MacQueen dans le rôle de Papillon et Dustin Hoffman dans celui Louis Delga, son camarade d’infortune.
Pourquoi diable avoir fait le remake du film culte de Franklin J. Schaffner ? Qui ne l’a pas déjà vu à l’occasion de l’une de ses innombrables rediffusions télévisuelles ? Qui ne se souvient pas des yeux bleus de Steve McQueen qui incarnait si bien la révolte contre l’erreur judiciaire – au même endroit où quarante ans plus tôt le capitaine Dreyfus avait été lui aussi injustement déporté – et la soif inextinguible de liberté ?
Papillon 2018 est une pâle copie du Papillon 1973. Plutôt que de s’en écarter, Michael Noer, un réalisateur danois auteur de deux films coups de poing R et Northwest, dont il y a fort à craindre qu’il soit allé perdre son âme à Hollywood, se contente de le décalquer. Les deux acteurs, Charlie Hunman (le héros de Sons of Anarchy) et Rami Malek, semblent moins avoir été choisis pour leur talent que pour leur ressemblance avec Steve McQueen et Dustin Hoffman.
Particulièrement horripilant pour l’auditoire français est l’américanisation des héros et des décors. Le film commence par une calamiteuse reconstitution en carton-pâte du Paris de l’entre-deux-guerres qui tire plus vers Moulin rouge que vers Quai des brumes. Tous les héros, supposément français, y parlent un anglais parfait. Ensuite, c’est la déportation en Guyane, filmée dans les décors naturels de la Croatie et du Monténégro… Ceci étant dit, le film de 1973 avait été filmé à Hawaï et à la Jamaïque.
Le seul intérêt de ce film : nous donner envie de (re)revoir le chef d’œuvre de Franklin J. Schaffner.