Keith (McCaul Lombardi) a vingt-quatre ans. Il vient de sortir de prison. Il retourne chez son père, un bracelet électronique à la chevillle qui limite son autonomie, à Baltimore dans le quartier de Sollers Point.
Keith aimerait revenir dans le droit chemin. Il s’est converti. Il essaie de suivre une formation professionnelle. Mais ses vieux démons l’assaillent : l’alcool, la drogue, les bars topless…
Sollers Point se présente sous les atours de l’histoire, déjà mille fois racontée, de la rédemption impossible d’un repris de justice. On s’y laisse prendre et on étouffe un bâillement d’ennui à suivre pas à pas Keith, aussi agréable soit-il à regarder, tout en muscles et en yeux bleus. On le voit face à son père (méconnaissable Jim Belushi), écrasé par le chagrin d’avoir perdu sa femme et de n’avoir pas donné une bonne éducation à son fils. On le voit face à son ancienne fiancée, qui a trop souffert de son absence pendant son séjour en prison pour accepter de reprendre la vie conjugale sous la menace d’une nouvelle séparation. On le voit face à ses anciens codétenus qui entendent lui faire payer à l’extérieur le prix de la protection qu’ils lui ont accordée à l’intérieur.
Mais on réalise bientôt que le sujet du film n’est pas là. Comme le titre nous l’avait indiqué (et comme il l’indiquait déjà dans le précédent film de Matt Porterfield Putty Hill), le propos de Sollers Point n’est pas de dresser le portrait à fleur de peau d’un enfant perdu de l’Amérique, mais celui d’un lieu. Sollers Point est un quartier défavorisé afro-américain de Baltimore frappé par la désindustrialisation. Quelques Blancs rednecks y vivent encore tels que le père de Keith ou ses camarades de poker. Mais les Noirs l’ont investi, parmi lesquels Keith compte d’ailleurs plusieurs amis.
Le projet convaincrait s’il ne restait pas à l’état d’ébauche maladroite. On sort de Sollers Point doublement frustré : frustré par l’histoire inaboutie de Keith, un personnage qui n’avance pas et frustré par la description d’un quartier qui nous reste aussi étranger à la fin du film qu’il l’était au début.