Kabullywood ★★☆☆

Shab, Mustafa, Sikandar et Qais sont des jeunes Afghans de la classe supérieure. Bourgeois bohèmes, la vingtaine, passionnés d’art et de culture, ils n’ont guère connu que la guerre dans leur pays. Lorsque le Génération Café, le seul bar de la capitale à offrir une programmation culturelle, est détruit par un attentat terroriste, les quatre jeunes gens se mobilisent. Ils vont retaper une ancienne salle de cinéma et la rouvrir au public.

Kabullywood est un drôle d’objet filmique, un mélange de documentaire et de fiction. Documentaire, Kabullywood l’est assurément, qui montre l’Afghanistan comme on ne le filme guère, loin de l’imagerie caricaturale taliban/burqa/pavot à laquelle il est réduit. On y voit une métropole comme le Tiers monde en compte tant, laide et polluée dont le seul trait distinctif est la majestueuse chaîne de montagnes enneigées qui ceint le bassin dans lequel elle est lotie. Documentaire également, Kabullywood raconte les efforts désespérés que quelques individus déploient pour y faire (re)vivre une expression artistique. On pense à Salim Shaheen, le réalisateur le plus connu et le plus prolifique d’Afghanistan, auquel Sonia Kronlund a consacré un documentaire sorti en 2017 Nothingwood.

Mais Kabullywood est aussi une œuvre de fiction pas toujours adroite. Tourné à la va-vite avec des acteurs amateurs, Kabullywood a parfois la naïveté d’une télénovela brésilienne : ainsi des scènes où le père de Sikandar roule des yeux scandalisés à la découverte des frasques de son fils ou celles où le frère de Shab jure de défendre la réputation de sa sœur. Le scénario n’arrange rien dont les rebondissements pas toujours crédibles (une course poursuite en voiture à Kaboul) n’apportent rien au film.

On en vient à regretter que Kabullywood ne se soit pas borné à ce qu’il aurait pu être : un reportage sur l’impossible réouverture d’un cinéma.

La bande-annonce

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