L’Illusion verte ★☆☆☆

Le « bio » fait désormais partie de notre vie. Même s’il coûte plus cher, nous en consommons de plus en plus. Pourquoi ? par altruisme ou par égoïsme ? pour  protéger la planète ou pour se protéger soi-même contre les pesticides et les conservateurs ?
Mais que savons-nous du « bio » que nous consommons ? Le documentaire de Werner Boote nous en révèle la face cachée. Les grandes entreprises qui vendent bio ou qui se donnent les atours d’une compagnie « eco-friendly » sont, dit-il, moins motivés par le souci de l’écologie que par celui de leurs parts de marchés. Cette stratégie a un nom : le « greenwashing ».

Le réalisateur autrichien tourne son troisième documentaire. Les deux premiers étaient respectivement consacrés au plastique (Plastic Planet, 2008) et à la surpopulation (Population Boom, 2014). C’est en réalisant le premier qu’il a fait la connaissance de Kathrin Hartmann, une environnementaliste allemande. L’Illusion verte (en allemand : « le mensonge vert ») suit leur tour du monde du greenwashing. Le duo se répartit les rôles. Lui joue au Candide qui croit dans les produits bio et les étiquettes vertes, elle se pose en scientifique désabusée qui démasque les hypocrisies et rétablit les vérités cachées : en Indonésie où l’huile de palme soi-disant bio est produite en incendiant massivement la forêt tropicale, sur les bords du golfe du Mexique où le naufrage de la plateforme Deepwater n’en finit pas de causer des dégâts environnementaux, au Brésil où les peuples premiers sont spoliés de leur terre…

Comme on le constate à l’énumération des différents chapitres de ce long voyage, le duo perd parfois de vue son sujet.
Il aurait mieux fait de s’y tenir. Il aurait été intéressant de documenter sérieusement la question des labels écologiques. Sont-ils des arguments publicitaires utilisés par des entreprises en quête de profit ou des indicateurs fiables permettant aux consommateurs d’opérer des choix responsables ? La réponse des deux enquêteurs est sans ambiguïté. Elle ne laisse d’ailleurs guère la parole aux tenants de la thèse opposée.

Quand bien même les labels écologiques sanctionneraient des produits authentiquement durables, L’Illusion verte a un argument massue pour les discréditer : ce n’est pas aux consommateurs, par leurs choix d’achat, d’encourager des pratiques écologiques, mais aux pouvoirs publics, par la réglementation, d’interdire la mise sur le marché de biens de consommation produits selon des procédures qui ne respectent pas l’environnement.

L’idée n’est pas inepte. Mais, son énoncé ne suffit pas à meubler quatre vingt dix-sept minutes.

La bande-annonce

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