Les Étendues imaginaires ★☆☆☆

À Singapour, de nos jours, Wang, un ouvrier chinois, a mystérieusement disparu du chantier de construction qui l’employait. L’inspecteur Lok est chargé de l’enquête.

Le cinéma de Singapour ne s’exporte guère. Tout au plus connaît-on Eric Khoo (Hotel Singapura, La Saveur des Ramen) et Boo Junfeng (Apprentice). Il renvoie de la Cité-État une image diffractée : Hotel Singapura était une variation sur le thème de l’amour, La Saveur des ramen racontait la quête d’un père sur fond de chroniques culinaires, Apprentice mettait en scène un bourreau chargé d’exécuter les condamnés à mort dans la prison centrale de Singapour.

Les Étendues imaginaires rajoute une facette au kaléidoscope. C’est la face obscure de Singapour qui y est décrite, loin des gratte-ciel aseptisés du centre ville. Le titre fait référence à la poldérisation qui permet chaque année à la ville, en manque de terres, de gagner quelques arpents sur la mer. Comme dans Diamond Island, qui se déroulait au Cambodge, comme dans Taste of Cement qui se déroulait au Liban, des hordes d’ouvriers pauvres et souvent en situation irrégulière travaillent à ces travaux titanesques.

Les Étendues imaginaires documente la vie de ces ouvriers cosmopolites venus de tout le continent asiatique, qui vivent dans des conditions misérables, leur passeport confisqué par leurs employeurs, et se retrouvent à la nuit tombée pour communier dans de tristes bacchanales.

Mais Les Étendues imaginaires n’a pas que cette seule ambition. C’est aussi, c’est surtout, un film esthétisant qui, à la manière de In the Mood for Love ou de Mulholland Drive – mais avec autrement moins de talent – vise l’envoûtement. Il entrelace, dans un long flashback onirique, les parcours de l’ouvrier Wang et de l’inspecteur Lok. Un cybercafé et son ouvreuse font le lien entre les deux mondes.

On se laisse un temps fasciner. Et puis bientôt, à force de n’y rien comprendre (Ajit est mort ou pas ?), on décroche inexorablement. Culturopoing.com parle d’un « épilogue magnifique proche de la transe ». Trop assommé pour être touché, je n’y ai rien vu de tel.

La bande-annonce

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