En juillet 1996, à Atlanta qui s’apprête à accueillir les Jeux olympiques d’été, un attentat terroriste fait deux morts et près de deux cents blessés. Richard Jewell (Paul Walter Hauser), un simple agent de sécurité, devient vite un héros pour avoir découvert la bombe et évité que son explosion soit plus meurtrière encore. Mais bientôt, il devient le principal suspect du FBI.
À près de quatre vingt dix ans, Clint Eastwood n’a jamais été aussi fécond. Il ne se passe guère d’année sans que sorte un de ses films. On comprend ce qui l’a attiré dans l’histoire vraie de Richard Jewell et qui constituait déjà l’objet de ses précédents films : célébrer l’héroïsme individuel d’hommes ordinaires placés dans une situation extraordinaire.
Mais à la différence de Chesley Sullenberger, le pilote d’avion de Sully qui réussit à atterrir sur l’Hudson ou les trois Américains qui arrêtèrent le terroriste du Thalys dans Le 15h17 pour Paris, Richard Jewell est un héros ambigu. Obsédé par l’autorité, fasciné par les armes à feu, exagérément obèse, ce trentenaire qui vit encore chez sa mère n’a qu’une ambition : intégrer les forces de l’ordre.
Le film aurait pu être construit autour d’une énigme : le « héros » Richard Jewell a-t-il ou non posé la bombe qu’il a découverte ? Mais, ce suspense n’en est pas un. Le résumé officiel, toutes les critiques et le film lui-même ne font pas mystère de l’innocence de l’agent de sécurité.
Le « cas » Richard Jewell est ailleurs : il est dans la façon dont le Gouvernement et les médias – les « deux forces les plus puissantes au monde » contre lesquelles le malheureux Richard Jewell doit résister avec la seule aide de sa mère (Kathy Bates) et de son avocat (Sam Rockwell) – peuvent sciemment ternir l’aura d’un héros. Le hotissime Jon Hamm (le héros de Mad Men) incarne le premier, un agent du FBI qui se persuade à tort de la culpabilité de Richard Jewell, et la hotissime Olivia Wilde le second, une journaliste de la feuille de chou locale qui fit fuiter l’identité du suspect n° 1.
L’intérêt du film en est amoindri. Plutôt que de nous tenir en haleine autour de la résolution d’une enquête policière, comme l’avait fait avec une grande efficacité La Fille au bracelet, il déroule un discours convenu : des institutions liberticides et des médias hystérisés peuvent broyer les simples citoyens. Mais Clint Eastwood n’en reste pas moins un immense cinéaste, capable de raconter un récit, même convenu, sans jamais faire baisser la tension.
Ping Cry Macho ★☆☆☆ | Un film, un jour