Jeff (François Damiens) est un caïd entouré de fidèles lieutenants : Neptune (Ramzy Bedia), Jesus (JoeyStarr), Poussin (Bouli Lanners), Jacky (Gustave Kervern)… Mais, la cinquantaine approchant, Jeff et ses hommes semblent envahis par le vague à l’âme et pris d’un soudain besoin de poésie : Jeff est tombé amoureux d’une caissière (Constance Rousseau), Jacky se laisse attendrir par l’épouse déjantée d’un débiteur qui se pique de théâtre (Vanessa Paradis), Jesus et Poussin jouent au baby-sitter avec Jessica, la fille de Jeff…
Samuel Benchetrit tisse une œuvre originale, entre littérature, théâtre et cinéma. Cette musique… est son septième film après Chien en 2018 que j’avais beaucoup aimé où jouaient déjà Vanessa Paradis, son épouse à la ville, Bouli Lanners et Vincent Macaigne (qui fait ici une apparition dispensable dans une saynète onirique dont on peine à comprendre la raison d’être). Samuel Benchetrit fait aussi jouer son fils Jules – qu’il a eu avec Marie Trintignant. On l’aura compris : le cinéma est pour lui une affaire de famille.
Comme Kervern & Delépine, comme Quentin Dupieux, Benchetrit est volontiers un cinéaste de l’absurde. On aime… ou pas.
Un caïd sanguinaire qui se met à rédiger des alexandrins pour séduire une caissière, une bourgeoise bègue qui monte sur les planches pour camper Simone de Beauvoir dans une comédie musicale, une seconde frappe qui utilise la manière forte pour convaincre des lycéens d’aller à la boum de la fille de son patron…. Je ne suis pas cul-serré au point de ne pas en rire. Je ne reproche pas à cette accumulation de scènes désopilantes leur manque de drôlerie. Je leur reproche leur facilité voire leur paresse. Rien n’est plus facile, me semble-t-il, que d’inventer une situation absurde : un pneu tueur en série, une mouche gigantesque …. et puis quoi encore ? un taureau en string ? un Basque unijambiste ? un canari qui parle ?