Paul Château-Tétard (Philippe Katerine) est un héritier fin de race que sa mère, Adélaïde (Josiane Balasko), paralysée depuis un accident de chasse, désespère de marier. Il finit par jeter son dévolu sur Ava (Anaïs Demoustier), une jeune fille ingénue qu’il a croisée dans le métro. Mais la bru déplaît à sa perfide belle-mère qui recrute un détective privé pour l’espionner tandis qu’Ava, qui s’est vite lassée des gamineries de son nouveau mari, s’éprend pour un bel inconnu (William Lebghil).
Avec quelques jeunes réalisateurs de sa génération, Guillaume Brac, Justine Triet, Sébastien Betbeder, Thomas Salvador, Antonin Peretjatko fait souffler un vent nouveau dans le cinéma français. Cette Nouvelle Nouvelle Vague tourne des films joyeusement burlesques et savoureusement politiques. Inspiré d’une courte nouvelle de la dramaturge Noëlle Renaude publiée dans les 80ies, Il faut un héritier, La Pièce rapportée est un vaudeville assumé. Un genre volontiers désuet, usé jusqu’à la corde par le théâtre de boulevard, dont Antonin Peretjatko outre à dessein les conventions.
Sa bande-annonce m’avait fait frétiller d’excitation. J’en avais même fait la publicité sur ma page FB, ce qui ne m’arrive pas souvent, m’attirant quelques commentaires amusés d’amis qui raillaient ma frivolité.
Force m’est de reconnaître qu’ils n’avaient pas entièrement tort. La Pièce rapportée est en effet une farce loufoque dont le charme ne dépasse guère celui qu’exhale sa bande-annonce. Anaïs Demoustier, pour laquelle j’ai les yeux de Chimène, y est irrésistible dans un rôle qui lui va comme un gant, celui de la ravissante ingénue – dont un esprit chagrin pourrait redouter qu’elle ne finisse rapidement par s’y huppertiser. Philippe Katerine ravira tous les fans de… Philippe Katerine que la diction languissante enthousiasme. Quant à Josiane Balasko, qui nous fait plus ou moins rire depuis presque cinquante ans, elle prend un plaisir communicatif à outrer le personnage d’une vieille douairière acariâtre.
Le scénario a beau ménager quelques rebondissements, offrir quelques scènes rigolotes (l’une d’elle a pour principal protagoniste une contrebasse, l’autre un bouledogue trop gourmand) et avoir la concision bienvenue d’1h26, qui évite au spectateur de regarder sa montre, La Pièce rapportée n’a pas suffisamment d’épaisseur pour dépasser le stade de la charmante badinerie.