Baptiste (Pablo Pauly) mène une vie en apparence bien rangée. Il est chef de rayon à la FNAC Saint Lazare. Il est en couple depuis huit ans avec Samia (Hafsia Herzi), une étudiante en dernière année de ses longues études de pharmacie qu’il accompagne parfois la nuit pour des actions de dépistage auprès des prostitué.e.s du XXième arrondissement. C’est là qu’il croise Cookie Kunty (Romain Eck) et ses ami.e.s drag queens. La fascination est immédiate.
Jeune réalisateur passé par la Fémis, Florent Gouëlou s’est toujours intéressé à l’univers des drag queens au point d’en devenir une lui-même (il fait un court caméo dans la dernière scène du film). Romain Eck est un acteur récurrent de ses courts et longs métrages où il incarne le personnage de Cookie Kunty. Mais c’est la première fois qu’il apparaît en « garçon ».
L’objet de Trois nuits par semaine est en effet de raconter la vie backstage des drag queens, une fois ôtés leurs perruques et leurs faux seins. Il est de souligner la difficulté presque schizophrène de réconcilier leur ultra-féminité de façade avec leur masculinité biologique (la communauté drag se caractérise par sa diversité : on y trouve des hommes non-binaires, des transsexuel.le.s et même des femmes, mais les hommes non opérés y sont majoritaires, lit-on dans le dossier de presse du film).
Florent Gouëlou aurait pu se borner à raconter la fascination ressentie par Baptiste, censé incarner un Monsieur-tout-le-monde avec lequel chaque spectateur pourrait s’identifier, lorsqu’il découvre ce monde nocturne. Il aurait pu décrire plus tragiquement ses hésitations et la réprobation de son entourage avant de basculer dans une relation amoureuse homosexuelle. Il aurait pu aussi, en puisant dans son propre vécu, prendre une autre voie et imaginer que son héros décide lui aussi de se travestir : une scène où Baptiste enfile avec ravissement les longs gants en dentelle noire de Cookie le laisse augurer.
Mais hélas Trois nuits par semaine préfère la voie plus convenue de la comédie romantique. Il raconte l’histoire à l’eau-de-rose du couple formé par Baptiste, Cookie… et Quentin, le garçon qui se cache derrière Cookie et dont Baptiste tombe lentement amoureux. Cette histoire cousue de fil blanc – auquel sont ajoutés beaucoup de paillettes et de maquillage – se déroule lentement vers son happy end final avec son lot sans surprise de disputes et de réconciliations. La platitude du scénario est une vraie déception ; car Trois nuits par semaine (dont rien, pas même un extrait d’Indochine qu’on attendait impatiemment, ne vient expliciter la signification) tenait un sujet qui aurait pu être beaucoup plus richement utilisé.
C’est à se demander si le thème ne se serait pas mieux prêté à un documentaire. Tel était l’objet des Reines de la nuit sorti en salles fin 2019.