Felice Lasco a quitté Naples à quinze ans, pour des motifs qui s’éclaireront lentement. Il a fait sa vie au Caire, s’y est converti à l’Islam et y a pris femme. Il revient à Naples quarante ans plus tard et y retrouve avec nostalgie le quartier de son enfance. Sa vieille mère, recluse dans un appartement borgne, l’attendait pour mourir et Felice s’emploie à adoucir ses derniers moments. Il sympathise avec un prêtre courageux qui dépense toute son énergie à lutter contre l’influence délétère de la Camorra parmi la jeunesse. Il apprend qu’Oreste, son ami d’enfance, est devenu le caïd, aussi craint que respecté, du quartier.
En compétition officielle à Cannes, Nostalgia arrive sur les écrans précédé d’une réputation flatteuse et méritée. C’est en effet un film triste et beau, calé sur les épaules puissantes de son interprète principal. Pierfrancesco Favino, une star en Italie, a enfin accédé à la célébrité en France grâce à son interprétation dans Le Traître. Mais on avait déjà remarqué sa silhouette bourrue, sexy en diable, dans Romanzo Criminale, ACAB, Piazza Fontana, Suburra, autant de films, aussi réussis les uns que les autres, qui dessinent, l’air de rien, une histoire contemporaine de l’Italie.
Pourtant on lit ici ou là quelques voix dissidentes. Ainsi dans Critikat : « Nostalgia est de ces films sur la nostalgie où les personnages marchent les mains dans les poches, la tête en l’air, en regardant les façades des immeubles avec un air à la fois grave et pensif. »
Je n’aurais pas osé être si méchant. Pour autant, même si j’ai été happé pendant les presque deux heures que dure ce film, je ne suis pas loin de penser la même chose. Une fois dévoilé le drame fondateur qui a poussé le jeune Felice à l’exil, le film perd de son intérêt. Le jeu de cache-cache auquel se livrent les deux héros avant leur rencontre si longtemps repoussée peine à dissimuler le seul motif du film : la vie est faite de bifurcations, de choix qui peuvent mener dans des directions radicalement différentes.