Noyé parmi les dix-neuf autres films sortis cette semaine, programmé dans deux salles parisiennes seulement, éreinté par la critique, Alaska risque de passer inaperçu. Ce serait dommage.
Nadine est une banlieusarde de vingt ans qui n’a pour elle que son joli minois. Elle rencontre, à l’occasion d’un casting dans un grand hôtel parisien, Fausto, Rital charmeur. Mais le destin les sépare douloureusement. Fausto part en prison tandis que Nadine devient top model.
Leur histoire s’étendra sur de nombreuses années, emplissant sans peine les plus que deux heures que dure le film. De Paris à Milan, les succès de Nadine coïncideront avec les revers de fortune de Fausto. Et réciproquement.
L’histoire de cette passion destructrice est filmée par le scénariste de Gomorra. On y retrouve l’ambiance nocturne et pluvieuse qui caractérise cette école italienne et dont Suburra constituait récemment une réalisation encore plus convaincante. Comme chez Matteo Garrone, le réalisateur de Gomorra, le thriller est le prétexte à une critique sociale plus radicale. Ici, celle d’un capitalisme qui exploite les corps et asservit les âmes.
Les deux principaux protagonistes sont de belles révélations : Elio Germano, poids mouche nerveux, et Astrid Bergès-Frisbey, grande brune sensuelle. De même, Roschdy Zem est magistral dans un (trop bref) second rôle.