Vingt ans après, les jeunes héros de « Trainspotting » ont bien vieilli. Mark (Ewan McGregor), qui avait trompé la confiance de ses amis, a vécu aux Pays-bas mais a la nostalgie de Édimbourg. Begbie (Robert Carlyle) purge en prison une peine de longue durée. Spud (Ewen Brumner) n’a jamais réussi à décrocher de la drogue. Simon (Jonny Lee Miller) continue d’organiser des arnaques à la petite semaine.
A sa sortie en 1996, « Trainspotting » avait viré au phénomène de société. Sa description à la fois trash et comique d’une bande de jeunes Écossais accro à la drogue avait touché une corde sensible dans le Royaume-Uni post-thatchérien. Après « Petits meurtres entre amis », Danny Boyle y gagnait ses galons de réalisateur confirmé – couronné quelques années plus tard par un Oscar pour « Slumdog millionaire ».
Réaliser une suite était un projet alléchant qui a mis vingt ans à voir le jour. C’est le lot hélas de tous les propriétaires de droits qui savent que l’aura nostalgique de leur premier succès leur garantit une audience captive. La saga « Le Parrain » l’aura montré pour le meilleur ; « Les Bronzés » pour le pire – dix millions de gogos (dont je fus) sont allés voir son troisième volet.
Les Inrockuptibles, Télérama, Le Monde et Libération tirent à boulets rouges sur T2. Isabelle Régnier évoque une « suite inepte ». Jeremy Roston raille le « sempiternel mauvais goût » de Danny Boyle. Serge Kaganski dénonce « une carrosserie rutilante ultra « tunée » avec pas grand-chose sous le capot ».
J’aurai la main moins lourde. Certes T2 n’est pas un immémorable chef d’œuvre. T2 est une suite qui essaie d’être compréhensible à ceux qui n’ont pas vu ou qui ont oublié T1 – je me classe dans la seconde catégorie. Sans doute n’a-t-il pas la fougue provocatrice de son prédécesseur (il est d’ailleurs tous publics alors que « Trainspotting » était interdit aux moins de seize ans). Mais il n’en reste pas moins une distraction agréable dynamisée par l’euphorisante énergie du montage de Danny Boyle.