King Kong : le retour.
Le grand gorille amoureux ne cesse de hanter notre panthéon cinématographique. L’image de Kong au sommet de l’Empire State Building, combattant d’une main les avions qui l’assaillent et protégeant de l’autre sa belle, est entrée en 1933 dans l’imagerie populaire. Au point de vouloir la reproduire dans de nombreux succédanés : en 1976 avec Jessica Lange, en 2005 avec Naomi Watts.
Bizarrement, ce nouvel opus ne revisite pas cette scène iconique. Il se cantonne à la première moitié de l’histoire qui se déroule, on le sait, dans l’île mystérieuse dont Kong a fait son royaume.
Le film en gagne-t-il en unité – là où le scénario de l’original, coupé entre l’île sauvage et les gratte-ciels de Manhattan souffrait en son milieu d’une césure presque incurable ? Peut-être Boileau y trouvera-t-il son compte (c’est quand même fort de citer Boileau dans une critique de Kong, non ? personne ne me faisant de compliment, il faut bien que je m’en fasse de temps en temps) ; mais pas le spectateur.
Car Kong – comme Ghost in the shell – procède d’un curieux assemblage. Un peu comme une mauvaise piquette produit du mélange de divers cépages de l’Union européenne. Sans doute le principal emprunt vient-il de la longue généalogie des King Kong déjà évoquée. Le contraire serait pour le moins troublant. Mais que vous rappellent ces hélicoptères volant dans le soleil couchant et cette jungle bombardée au napalm sinon Apocalypse Now ? Et ces monstres menaçants, issus d’un passé enfoui, qui prennent un malin plaisir à chasser et à dévorer une troupe d’innocentes victimes sinon Jurassic Park ? Et ces créatures chimériques (buffle à six cornes, araignée ou sauterelle géante) sinon les anime japonais de Hayao Miyazaki ?
Bien sûr. Tout dans Kong n’est pas à jeter. A commencer par les combats épiques de l’immense gorille avec toutes sortes de bestioles toutes plus dégoûtantes les unes que les autres : une pieuvre à mille bras, un gros lézard carnivore … Les cent quatre vingt dix millions de dollars de budget n’ont pas été dépensés en vain.
A saluer également la prestation de Brie Larson qui interprète une photographe de guerre. Sans doute sa présence ne se justifie-t-elle que par le souci d’ajouter une femme à une escouade par trop masculine et par celui d’attendrir le cœur de Kong – dans une scène trop attendue pour être réussie. Mais il sera beaucoup pardonné à Brie Larson, Oscar 2016 de la meilleure actrice pour Room, à sa belle vitalité, à son sourire éclatant et à ses seins parfaits dans son T-shirt mouillé.
Il est temps, cher lecteur, que j’aille voir un film letton muet en noir et blanc et que j’y oublie les seins de Brie Larson et mon penchant coupable à rédiger mes critiques à la première personne du singulier.