En 2000, Suzanne Viguier disparaît brutalement sans laisser de traces. Elle avait un amant (Philippe Urchan) et était sur le point de divorcer. Les soupçons se portent vite sur son mari (Laurent Lucas). Mais un premier procès devant la cour d’assises de Toulouse l’innocente. Fait rare : le ministère public fait appel. Un second procès va se tenir devant la cour d’assises d’Albi. Juré lors du premier procès, Nora (Marina Foïs) est persuadée de l’innocence de Viguier. Elle va convaincre le ténor du barreau, Me Dupond-Moretti (Olivier Gourmet) d’assurer sa défense.
Deux films en un. Une intime conviction est d’abord un film de procès comme le cinéma hollywoodien, depuis le film noir des années quarante, nous a habitués à en montrer. Il commence à l’ouverture du procès d’Albi et se conclut au prononcé de son verdict dont on ne dira rien – même si un clic sur Wikipédia vous permettra d’en connaître le sens. Pendant une heure cinquante, avec les juges et les jurés, les avocats de la défense et ceux des parties civiles, on cherche la vérité : qu’est-il arrivé à Suzanne Viguier le dimanche 27 février 2000 ? a-t-elle pris la poudre d’escampette pour fuir un quotidien étouffant ? s’est-elle disputée avec son mari qui refusait qu’elle le quitte ? a-t-elle été assassinée par son amant qu’elle ne voulait pas pour autant épouser ?
Mais Une intime conviction n’est pas que cela. En inventant de toutes pièces le personnage fictionnel de Nora, le réalisateur Antoine Raimbault a voulu l’entraîner dans une autre direction : c’est le film d’une obsession. Nora est obsédée par ce procès. Au point d’y abandonner son fils, qu’elle élève seule, son travail, dans un restaurant toulousain, son amant, qui pourtant déborde de tendresse pour elle. Sa vie se résume à ce seul objectif : faire innocenter Viguier que l’opinion publique, manipulée par les rumeurs distillées par Olivier Durandet, l’amant manipulateur, a dores et déjà condamné. Au risque parfois pour Nora d’utiliser les mêmes méthodes que celles de son ennemi.
Une intime conviction est servi par une interprétation impeccable. Olivier Gourmet est, comme d’habitude, magistral. Il réussit à incarner Dupond-Moretti, dont la silhouette et les mimiques sont désormais bien connues, sans le caricaturer. Après Le Grand Bain et Gaspard va au mariage, Marina Foïs, retrouve le haut de l’affiche qu’elle a déjà plusieurs fois occupé ces dernières années dans L’Atelier et Irréprochable. Un mot sur les seconds rôles : Laurent Lucas n’a pas la tâche facile pour donner de l’épaisseur, sans quasiment prononcer un mot, à un accusé qui peine à se rendre sympathique. Philippe Uchand a la beauferie rondouillarde du méchant de comédie. Et la jeune Armande Boulanger joue avec grâce la fille Viguier, écrasée depuis dix ans par un drame trop lourd pour elle.
Alors pourquoi deux étoiles seulement ? Parce que, malgré ses qualités, Une intime conviction ne parvient pas à se hisser au-dessus du lot, du tout venant (télé)visuel, par la faute de son scénario sans surprise, de sa mise en scène conventionnelle et de son dénouement attendu.