Meurs, monstre, meurs ★☆☆☆

Au cœur des Andes argentines, une paysanne est sauvagement décapitée. L’inspecteur Cruz de la police rurale est chargé de l’enquête. Le principal suspect est un voisin que le drame a laissé à moitié fou, qui sera bientôt enfermé en asile psychiatrique. Il tient des propos incohérents et évoque la menace d’un monstre qui rode.

Meurs, monstre, meurs mélange des genres bien connus. Le thriller policier : son héros est un policier taciturne qui enquête sur des crimes en série. Le drame social : l’enquête se déroule dans la campagne argentine et met en scène des gens de peu, écrasés par la pauvreté et abrutis par l’isolement. Le film atmosphérique : le héros, frappé d’insomnie, évolue dans une veille nébuleuse qui contamine les êtres et les choses autour de lui. Le gore : plane constamment la menace d’une apparition monstrueuse.

Le problème est le dosage de ces éléments-là. L’enquête policière tourne court car l’identité de l’assassin est vite dévoilée. Le drame social n’est guère creusé dès lors que le film bascule dans le seul registre du fantastique. Le film atmosphérique tourne vite à la succession hypnotisante de plans diurnes ou nocturnes d’une sauvage beauté. Reste le gore qui perd toute son efficacité dans ses séquences finales.

Cette conclusion est absurde et ridicule. Absurde : elle réduit à néant l’idée sur laquelle le film semblait s’être construit que la monstruosité se terre en chacun d’entre nous et n’attend que l’occasion propice de se libérer. Ridicule : quand le monstre apparaît – qui ressemble plus au Casimir de L’Île aux enfants qu’au monstre d’Alien ou de Predator – le rire le dispute à la gêne. L’angoisse en tout cas a disparu.

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L’Autre Continent ★★★☆

L’Autre Continent est l’un des films les plus tristes que j’aie jamais vus. Il se découpe en trois parties qu’il faut résumer au risque d’en éventer l’intrigue.
La première est une comédie romantique et exotique aux accents rohmériens. Maria (Déborah François) et Olivier (Paul Hamy) se rencontrent à Taïwan où ils exercent le métier de guide touristique. Maria est aussi hardie qu’Olivier est timide. C’est à elle de faire les premiers pas. Mais bientôt le couple devient inséparable.
La deuxième est un drame en blouse blanche façon L’Ordre des médecins ou Le Scaphandre et le Papillon. Olivier est victime d’une leucémie foudroyante. Il doit rentrer en France. Les médecins sont pessimistes. Olivier est plongé dans un coma profond. Mais Maria refuse l’inéluctable. Elle est résolue à sauver Olivier en sollicitant son corps inerte et son cerveau endormi. Elle y parviendra.
La troisième est le contraire d’un happy end. Olivier a survécu. Mais les séquelles de son coma sont profondes. Son cerveau a été durablement endommagé. Il peine à se repérer dans l’espace et dans le temps. Il souffre d’incontinence. Il est l’objet de violents accès de colère. Il nécessite une attention constante que Maria n’est plus capable de lui prodiguer. Le cœur brisé, elle le quitte.

J’ai eu beau me creuser la tête, je ne suis pas arrivé à écrire cette critique sans raconter le film du début jusqu’à la fin. L’Autre Continent comptant probablement moins de spectateurs potentiels que Game of Thrones, j’espère qu’on me pardonnera. Je ne pouvais pas me borner à raconter que Maria et Olivier affrontaient un drame terrible qui allait mettre à mal leur couple. Ce n’aurait pas été rendre justice à ce film poignant qui tire son originalité de son dénouement désenchanté.

L’Autre Continent aurait pu être l’histoire d’un deuil : l’histoire du chagrin de Maria après la mort d’Olivier et de sa difficulté – ou de son impossibilité – à s’en consoler. Mais L’Autre Continent prend un chemin original. Olivier survit. Cet happy end n’en est pas un. Il cache en fait un dénouement plus déchirant encore. Si l’amour de Maria a pu sauver Olivier de la mort à laquelle la médecine l’avait déjà condamné, elle ne peut l’accompagner ensuite dans sa survie.

L’histoire est d’autant plus déchirante que le couple formé par Déborah François et Paul Hamy fonctionne à la perfection. La première, révélée par les frères Dardenne (elle jouait la mère de L’Enfant, Palme d’or en 2005), est particulièrement piquante : la légèreté dont elle fait preuve à l’égard de ses nombreux amants au début du film ne laisse pas augurer la dévotion dont elle sera capable auprès d’Olivier. Celui-ci est tout son contraire. Paul Hamy interprète un géant lunaire, tout entier concentré sur l’étude, sourd aux avances de Maria.

À la fois grave et léger, optimiste et pessimiste, dur et doux, aux antipodes des standards d’écriture, L’Autre Continent m’a bouleversé.

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Être vivant et le savoir ★★☆☆

Alain Cavalier, le réalisateur, et Emmanuèle Bernheim, l’écrivaine, sont amis depuis trente ans. Une profonde complicité les unit ; mais ils ont conservé entre eux un vouvoiement respectueux. Le réalisateur propose à l’écrivaine d’adapter à l’écran son dernier livre, Tout s’est bien passé, la chronique des dernières semaines de son père qui, après un AVC, a décidé d’aller en Suisse se faire euthanasier. Emmanuèle Bernheim y interpréterait son propre rôle et Alain Cavalier jouerait celui de son père.
Alors que les préparatifs du tournage vont bon train, Emmanuèle Bernheim apprend qu’elle est atteinte d’un cancer.

Alain Cavalier a quatre-vingt-sept ans. Il est l’auteur d’une œuvre cinématographique à nulle autre pareille. Assistant de Louis Malle dans les années cinquante (Ascenseur pour l’échafaud, Les Amants), il réalise dans les années soixante des films avec Romy Schneider (Le Combat dans l’île) Alain Delon (L’Insoumis) ou Catherine Deneuve (La Chamade) avant d’embrasser un parti pris minimaliste et de s’éloigner progressivement de la fiction. Thérèse en 1986 lui vaut la Palme d’or et le César du meilleur film. Mais Alain Cavalier ne renonce pas à sa radicalité, filmant des œuvres de plus en plus épurées. Il tourne seul avec une petite caméra numérique Le Filmeur, Irène, Pater, Le Paradis

Être vivant et le savoir s’inscrit dans cette généalogie. Comme ses documentaires antérieurs, il s’agit d’une œuvre ultra-courte (quatre-vingt-deux minutes à peine) où le « filmeur » capte la réalité qui l’environne en essayant d’en saisir l’essence. Avec sa petite caméra – dont le fonctionnement lui cause bien du souci – il multiplie les gros plans sur des objets, des fruits, des légumes qui composent autant de métaphores de l’animé et de l’inanimé, du vivant et du mort.

Sans l’avoir fait exprès au départ, car il s’agissait de tourner avec elle un film sur le même modèle que Pater où Alain Cavalier s’était mis en scène avec Vincent Lindon, Être vivant et le savoir est devenu un mausolée à la mémoire d’Emmanuèle Bernheim. L’écrivaine apparaît dans un plan, un élégant turban turquoise mettant en valeur ses yeux bleus et cachant son crâne qu’on imagine dénudé par la chimiothérapie. Elle a le regard plein de vie, le sourire aux lèvres. Parallèlement, Alain Cavalier lit les pages de son livre déchirant où elle raconte le suicide assisté de son père.

On l’aura compris : Être vivant et le savoir n’est pas un feel good movie. Quand les lumières se rallument, les spectateurs, plus proches de la soixantaine que de la vingtaine, sont silencieux et tardent à quitter leur siège. Soit que leur arthrite ralentisse leur mobilité, soit que ce film d’une profonde sincérité et d’une noble élégance laisse une trace qui ne s’oublie pas de sitôt.

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Quand nous étions sorcières ★★☆☆

Katia et Margit sont sœurs. Elles chevauchent dans la lande. Leur mère vient d’être lapidée et brûlée pour sorcellerie. Elles rencontrent Jóhann, un veuf qui vit seul avec son fils Jónas. Katia et Jóhann deviennent amants. Katia attend bientôt un enfant.
Margit et Jónas deviennent quant à eux amis. La jeune fille a des visions et voit sa mère en songe. Le jeune garçon en revanche supporte mal la présence de sa marâtre et sa grossesse. Il l’accuse de sorcellerie.

Quand nous étions sorcières a été tourné en 1986. Projeté en 1990 au Festival de Sundance il était inédit en salles. Il sort enfin en France dans une version restaurée. C’est le premier film de la réalisatrice Nietzchka Keene, décédée en 2004. C’est surtout le film qui a révélé Björk, la jeune Islandaise qui avait vingt ans à peine pendant le tournage et qui interprète le rôle de la jeune Margit.

Comme l’indique son titre original, The Juniper Tree est inspiré par Le Conte du genévrier des frères Grimm. Ce conte d’une rare cruauté raconte un infanticide : une femme assassine le fils de son mari et fait disparaître le corps de l’enfant dans le dîner qu’elle sert à son époux. Quand nous étions sorcières mêle à cette trame une histoire de sorcellerie.

Filmé dans un noir et blanc intemporel, Quand nous étions sorcières est d’une poésie qui défie le temps. Sa solennité, sa noirceur, son austérité ne sont pas sans rappeler les élégies les plus sombres de Bergman (La Source, Le Septième Sceau), de Dreyer (Jour de colère) ou de Tarkovski (Andreï Roublev). Le seul hic est l’anglais malhabile dans lequel s’expriment les acteurs tous islandais.

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68, mon père et les clous ★★☆☆

Jean Bigiaoui est le patron de Bricomonge, une quincaillerie, du cinquième arrondissement de Paris. Les affaires vont mal. La quincaillerie va fermer et ses employés vont devoir être licenciés.
Dans sa jeunesse, Jean Bigiaoui était un militant de la gauche prolétarienne, engagée dans la lutte clandestine.
Son fils le filme.

Comme son titre ternaire l’annonce, 68, mon père et les clous peut se lire à trois niveaux.

Le premier est la chronique émouvante d’un petit commerce de quartier, de ses clients, de ses employés et de sa fermeture inéluctable. La faute à la concurrence des grandes enseignes (qui va acheter ses clous à Bricomonge quand Leroy Merlin est au bout de la rue ?), à des clients indélicats qui ne paient pas leurs crédits et aussi à la gestion calamiteuse d’un patron qui n’est pas un grand manitou de la finance.

Le deuxième est l’énigme d’un homme qui posa des bombes avant de vendre des clous. Comment passe-t-on de la Gauche prolétarienne à la quincaillerie de détail ? Jean Bigiaoui est pudique et secret, qui refuse de se dévoiler. On apprend plus de lui à travers les témoignages de quelques amis de longue date, un ancien camarade du lycée Charlemagne, un compagnon de lutte.

Le troisième est le portrait d’un fils par son père. Un portrait d’une grande pudeur d’où transpire une rugueuse tendresse, sans jamais verser dans le sentimentalisme. Le fils respecte les silences du père. Mais il ne s’interdit pas de le pousser dans ses retranchements, réussissant enfin, dans les tréfonds du magasin, à recueillir les bribes d’une confession.

68, mon père et les clous ne révolutionnera pas l’histoire du documentaire. Mais le regard mélancolique et tendre que ce fils porte sur son père n’est pas le moins émouvant des hommages.

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Les Météorites ★☆☆☆

Nina a seize ans. Elle vit seule avec sa mère. Elle a laissé tomber le lycée. Elle tue le temps avec son meilleur ami, Alex, qui a décidé de quitter l’exploitation viticole familiale pour s’engager dans l’armée.
Nina a trouvé un job d’été dans un centre d’attractions où elle travaille auprès de Djamila. Un jour, elle voit une météorite dans le ciel et croit la fin du monde advenue. Le lendemain elle rencontre Morad, le frère de Djamila, et en tombe immédiatement amoureuse.

Premier film d’un jeune réalisateur formé à la Fémis, Romain Laguna, Les Météorites n’est pas sans qualités. Il s’inscrit dans un terroir, l’Hérault, ses montagnes, son littoral, ses centres urbains, dont la géographie minérale résonne chez l’héroïne. Il essaie d’ajouter au naturalisme avec lequel l’adolescence est souvent filmée une touche poétique voire fantastique. Il s’attache corps et âme à l’actrice principale, la jeune Zéa Duprez, recrutée lors d’un casting sauvage, que la caméra ne quitte pas d’une semelle.

Mais Les Météorites creuse un sillon déjà trop souvent exploré pour surprendre vraiment. Shéhérazade, dont l’héroïne, récompensée par le César du meilleur espoir féminin, n’est pas sans rappeler Nina, et la relation que ses deux protagonistes entretenaient celle qui se noue avec Mourad, était autrement plus bouleversant. Mektoub my Love était autrement plus maîtrisé. Et Luna, un petit film sorti l’an dernier, passé inaperçu, qui se déroulait dans le même département et dont l’affiche a les mêmes couleurs, m’avait plus ému que ces Météorites pré-formaté.

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Tout ce que le ciel permet ★★☆☆

Carey Scott (Jane Wyman) est une jeune veuve que l’héritage confortable de son mari tient à l’abri du besoin. Ses deux enfants ont quitté la maison familiale pour poursuivre leurs études à New York : Ned fait du droit, Kay des sciences humaines.
La petite ville cossue de Nouvelle-Angleterre où Carey habite est volontiers portée aux ragots. Elle pousse Carey à se remarier avec un veuf qui lui ressemble. Mais le cœur de Carey va s’enflammer pour Ron Kirby, son jardinier, qui vit dans la campagne sans se mêler des affaires des hommes. Leur couple se heurte vite à la réprobation générale.

Ce film tourné en 1955 met en scène une héroïne très moderne. Cette cougar avant l’heure défie les conventions de la société pour l’amour d’un homme plus jeune qu’elle, issu d’une autre classe sociale. Il y a quelque chose de L’Amant de Lady Chatterley, l’érotisme en moins, dans Tout ce que le ciel permet.
L’effet en est un peu édulcoré par le choix de Rock Hudson pour interpréter le rôle du séduisant jardinier. Séduisant, Rock Hudson l’est assurément. Mais il est trop vieux pour le rôle – ou Jane Wyman trop jeune pour le sien. Et le spectateur aujourd’hui connaît son orientation sexuelle qui rend les baisers échangés moins crédibles.

Tout ce que le ciel permet est un des films les plus connus de Douglas Sirk, le réalisateur de Écrit sur du vent et Le Temps d’aimer et le Temps de mourir. On y retrouve les principales caractéristiques de ses grands mélodrames : la dénonciation du conformisme et de la bienpensance, un romantisme assumé – qui lui font parfois dangereusement tangenter le roman-photo – des couleurs chaudes, saturées, la symbolique des décors (escaliers, fenêtres)…

À sa sortie, Tout ce que le ciel permet avait fait un flop. Puis Douglas Sirk a été redécouvert. Aujourd’hui, ses films produisent un effet ambigu : ils sont si démodés qu’ils en deviennent intemporels.

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Un tramway à Jérusalem ★☆☆☆

Amos Gitaï plante sa caméra dans le tout neuf tramway de Jérusalem et traverse la ville d’est en ouest. On s’attend à un documentaire ; mais il s’agit bien d’une fiction tournée avec des acteurs professionnels. Chacun a droit à sa saynète : on reconnaît Mathieu Amalric qui lit à son fils – qui n’en a pas grand-chose à fiche – le journal de Flaubert, Yael Abecassis, Menahem Lang (le héros de M le documentaire coup de poing de Yolande Zauberman). On voit un Juif orthodoxe faire l’exégèse d’un passage de la Torah, un couple se séparer violemment, un jeune homme embrasser une dernière fois sa fiancée avant de partir à l’armée, un passager arabe violemment interpelé par un agent de sécurité, une Palestinienne présenter son passeport néerlandais à un contrôle d’identité, un prêtre italien revivre la Passion du Christ…

Il y a vingt ans, Amos Gitaï était le porte-drapeau d’un cinéma israélien encore confidentiel. Ses premiers films lui ouvrirent la porte des festivals internationaux et lui valurent une célébrité mondiale. Mais depuis une dizaine d’années, alors que le cinéma israélien s’est fait connaître à travers d’autres réalisateurs, la veine artistique d’Amos Gitaï s’est tarie.

J’avais détesté Le Dernier Jour d’Yitzhak Rabin, mélange trop long et maladroit de documentaire et de fiction. Je n’ai pas aimé Un tramway à Jérusalem, assemblage paresseux et artificiel de scènes montées sans souci de cohérence. Ceux qui espèrent voir la Jérusalem éternelle seront déçus : Amos Gitaï ne quitte jamais le tramway et ses environs immédiats et se refuse d’aller filmer le reste de la ville.

La construction du tramway qui traverse Jérusalem-Est a soulevé de délicates questions juridiques. Pour ses opposants, sa construction légitime la reconnaissance des colonies juives installées sur des territoires dont l’annexion n’a pas été reconnue par la communauté internationale. Des actions en responsabilité ont été engagées en France, contre Veolia et Alstom devant les tribunaux civils, contre l’État devant les tribunaux administratifs (Hélène de Pooter, « L’affaire du tramway de Jérusalem devant les tribunaux français », Annuaire français de droit international, volume 60, 2014. pp. 45-70). Hélas le documentaire d’Amos Gitaï n’en dit pas un mot.

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Hard Paint ★☆☆☆

Depuis qu’il a été renvoyé de l’université, Pedro vit reclus à Porto Alegre dans l’appartement qu’il partage avec sa sœur. Il est devenu camboy : il s’exhibe moyennant finance devant sa webcam en enduisant son corps dénudé de peinture fluo.
Pedro rencontre bientôt Leo, un autre camboy. Les deux jeunes gens décident de s’exhiber ensemble. Leur complicité se mue bientôt en amour.

Tinta Bruta (traduit pour l’export aux États-Unis et dans le reste du monde Hard Paint) explore avec une lente langueur les troubles d’un jeune homosexuel. Le film n’est pas sans qualités, qu’il s’agisse des exhibitions de Pedro plus poétiques que suggestives ou de la façon dont est mis en scène son mal-être. Mais ses défauts l’emportent à commencer par sa durée : Hard Paint dure près de deux heures sans qu’on comprenne l’utilité d’une pareille longueur.

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Une part d’ombre ★★☆☆

David (Fabrizio Rongione) a tout pour être heureux : une femme aimante (Natacha Régnier), deux enfants, des amis indéfectibles (on reconnaît Myriem Akhediou, actrice fétiche des frères Dardenne, Christophe Paou, l’assassin de L’Inconnu du lac, et la rousse Erika Sainte révélée par Baron noir).
Mais sa vie se dérègle après l’assassinat, dans les Vosges, sur son lieu de vacances, d’une femme qu’il est le dernier témoin à avoir rencontrée durant un footing dans la forêt à la tombée de la nuit.
Suspecté par la police, David voit sa vie passée au crible. Un secret enfoui est dévoilé qui éloigne de lui sa femme et ses amis qui se mettent à douter de son innocence.

Le film du belge Samuel Tilman a un parti pris stimulant. Il choisit de raconter une enquête policière sans rien nous dire du travail des policiers, du seul point de vue du principal suspect et de son entourage. Du coup, Une part d’ombre ne se réduit pas à la seule dimension à laquelle se cantonnent trop souvent les films similaires : le héros est-il ou non coupable du crime dont on l’accuse ? Mais il s’en leste de deux autres : comment une enquête policière fait-elle exploser une vie normale ? comment croire un homme qui clame son innocence quand on découvre sa « part d’ombre » ?

Bien joué, bien monté en flash-back successifs qui révèlent progressivement le déroulement des événements le soir du crime, Une part d’ombre ne révolutionnera pour autant pas l’historie du cinéma. Sorti en plein festival de Cannes, il risque d’être oublié au bénéfice de la Palme coréenne, de Jarmusch, d’Almodovar ou des frères Dardenne. Le choix de la date de sa sortie est la triste preuve du manque de confiance de ses distributeurs.

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