À peine sorti de l’adolescence, Paul Bäumer décide, contre la volonté de ses parents, de s’engager avec plusieurs camarades d’école dans les rangs de l’armée allemande en 1917. Envoyé en France, au Chemin des Dames, il plonge dans l’horreur de la guerre de tranchées. La fin des combats approche. Les plénipotentiaires allemands, dirigés par le social-démocrate Matthias Erzberger (Daniel Brühl), négocient à Rethondes. Mais pendant ce temps les deux états-majors continuent à se livrer une guerre sans répit. Paul survivra-t-il jusqu’à la onzième heure du onzième jour du onzième mois de l’année 1918 ?
La nouvelle adaptation du célèbre roman d’Erich Maria Remarque, après celle de 1930 par Lewis Milestone, fut l’un des produits d’appel de Netflix l’an passé, avec Blonde de Andrew Dominik, après The Power of the Dog de Jane Campion et Don’t Look Up l’année précédente. Nommé neuf fois aux Oscars, À l’Ouest rien de nouveau empocha quatre statuettes : meilleur film international, meilleure musique, meilleure photographie, meilleurs décors.
J’ai eu la chance de le voir sur grand écran dans la seule salle parisienne à le projeter, à l’occasion d’une unique séance dont je me demande par quel tour de passe-passe juridique elle a pu avoir lieu. Je n’imaginais pas qu’il puisse en être autrement : par son sujet, par son traitement, par l’ampleur et l’ambition de ses prises de vue, À l’Ouest rien de nouveau doit être vu en salle. Le regarder sur sa TV ou, pire, sur son ordinateur est un sacrilège.
Son sujet est bien connu et a déjà souvent été traité. Difficile de se confronter à 1917, le chef d’oeuvre (indépassable ?) de Sam Mendes. À l’Ouest… raconte l’horreur de la Première Guerre mondiale vue à travers les yeux d’une jeune recrue allemande.
Le film s’éloigne du livre pour mettre en scène dans sa seconde moitié un compte à rebours, dans les derniers jours de la guerre. Un montage alterné montre d’une part la vie sur le front de Paul et ses camarades et d’autre part, dans le confort douillet d’un wagon ferroviaire, les efforts désespérés du plénipotentiaire allemand pour signer le plus vite possible un armistice qui épargnera des vies humaines inutilement sacrifiées.
Ce montage nerveux crée un suspens et une tension savamment orchestrés. Outre la violence des scènes de guerre, le film, qui a la majestueuse durée des films les plus prestigieux, nous tient en haleine jusqu’à la dernière minute.