Estelle Vasseur (Diane Kruiger) est pilote de ligne sur longs-courriers. Elle habite, avec son mari Guillaume (Mathieu Kassovitz), brillant cardiologue, une luxueuse villa sur les hauteurs de Toulon. Il ne manque au couple qu’un enfant pour que leur bonheur soit complet.
Un jour, Estelle retrouve Ana (Marta Nieto), une artiste qui avec qui elle a connu vingt ans plus tôt, une brûlante passion. Elle en retombe vite amoureuse.
En 2021, le précédent film de Yann Gozlan, Boîte noire, avait connu un grand succès critique (cinq nominations aux Césars) et public (plus d’un million d’entrées). Il ne m’avait pourtant qu’à moitié convaincu. Je lui reprochais pêle-mêle une mise en place trop longue, un scénario trop prévisible et des rebondissements trop nombreux – ce qui, je le concède, constitue un ensemble de défauts contradictoires.
Je pense que Visions aura moins de succès. Pire : je crains au vu des premiers chiffres qu’il ne fasse un flop. Sa stratégie marketing reposait sur un argument à double tranchant : l’invocation de Boîte noire – que beaucoup de spectateurs n’ont pas vu et qui, parmi ceux qui l’ont vu, n’a pas nécessairement fait l’unanimité. Or, Visions est moins réussi que Boîte noire dont il utilise un peu trop les recettes : celles d’un thriller paranoïaque dans le monde glacé de l’aéronautique. Comme le veulent les règles du genre, Visions installe un suspense dont l’élucidation s’avère finalement décevante (« C’était donc ça…. »).
Pour autant, Yann Gozlan y démontre une sacrée maîtrise de la caméra, du montage et surtout de l’usage de la musique symphonique de Philippe Rombi. De nos jours, certains films – je parlerai le jour de sa sortie de L’Abbé Pierre avec Benjamin Lavernhe qui souffre de ce défaut – use et abuse d’une musique omniprésente et sursignifiante. Celle de Visions est très (trop ?) présente. Mais elle le fait en reproduisant une grammaire cinématographique ultra-classique : celle des films hitchcockiens des 50ies et des 60ies.
C’est en effet à Hitchcock et à Vertigo qu’on pense devant Visions, la beauté et la blondeur de son héroïne, le délire paranoïaque dans lequel elle se perd. Une telle référence pourrait être écrasante. Elle l’est sans doute. Visions n’arrive pas à la cheville de Vertigo. Il n’en avait pas la prétention. Mais il en a le parfum. Et ce parfum-là, qu’on ne respire plus guère dans le cinéma contemporain, qu’il soit français ou américain, est sacrément envoûtant.
Non seulement le réalisateur n’arrive pas à la cheville d’Hitchcock mais il fait aussi du mauvais David Lynch même si effectivement il y a une grande maîtrise de la caméra ! Diane Kruger est splendide !
Vous n’avez pas entièrement tort… même si je serais un peu moins sévère que vous