Les Feux sauvages ★☆☆☆

Un homme (Zhubin Li) quitte Datong, dans le nord de la Chine, au début des années 2000, pour le sud à la recherche d’une meilleure position. Il cesse de donner des nouvelles à sa compagne (Zhao Tao) qui part à sa recherche sur les rives du Yang Tse Kiang où va s’ériger l’immense barrage des Trois-Gorges qui engloutira de nombreux villages. Les années passent….

La cause est entendue. Jiang Zhangke est l’un des plus grands cinéastes chinois contemporains. Il a bâti depuis un quart de siècle et le fabuleux Xiao Wu, artisan pickpocket une oeuvre d’une incroyable cohérence. Historiographe de la Chine, de son entrée dans la modernité, de la hausse échevelée de son niveau de vie mais aussi de la destruction sacrilège de son patrimoine historique, Jia Zhangke est un cinéaste de la nostalgie et du temps qui passe.

Le Covid lui a donné l’idée de réaliser un film palimpseste, à partir des rushes de ses précédents films : Plaisirs inconnus (2002), Still Life (2006), Les Éternels (2018). Son action se déroule sur plus de vingt ans. Son thème peine à se comprendre et le résumé que j’en ai fait a posteriori le rend beaucoup plus lisible qu’il ne l’est vraiment.

C’est à un long voyage que nous invite Jia Zhangke. Un voyage dans le temps sur près d’un quart de siècle. Un voyage, circulaire, dans l’espace, à partir de Datong, une ville minière du Shanxi frappée par la désindustrialisation, jusqu’à Zhuhai, une ZES mitoyenne de Macao et de Hong Kong, sur le delta de la Rivière des Perles en passant bien sûr par le barrage des Trois-Gorges que Jia Zhangke n’a cessé de filmer (Still Life qui s’y déroule est pour moi son film le plus achevé).

Aussi élégiaque soit-il, Les Feux sauvages n’est pas d’un accès facile. Jia Zhangke procède par accumulation de petites saynètes dont le sens n’est pas toujours très clair. Les dialogues sont rares dans ce film quasiment muet Le fil narratif est si ténu qu’on peine à s’y accrocher et que [attention spoiler] lorsque les deux protagonistes se retrouvent enfin, par une nuit embrumée sur une avenue de Datong, on a perdu depuis longtemps, comme dans le récent Grand Tour de Miguel Gomes à la structure identique, tout intérêt à leur jeu de cache-cache. Si je rapproche ces deux films, c’est pour dire que je n’ai aimé ni l’un ni l’autre dont je lis partout pourtant le plus grand bien et que j’en suis honteusement désolé.

La bande-annonce

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