Le 11 mars 2011, le Japon connaît le plus important séisme de son histoire : un tremblement de terre de magnitude 9 dont l’épicentre se situe à 130 km des côtes nord-est de Honshu, l’île principale de l’archipel nippon. Le séisme et le tsunami qu’il provoque mettent hors service le système de refroidissement de la centrale nucléaire de Fukushima, située sur la côte.
L’évacuation des populations est immédiatement décidée.
Sans système de refroidissement, les cœurs des réacteurs nucléaires vont entrer en fusion.
À mi-chemin entre le documentaire et la fiction, le film de Futoshi Sato raconte la réaction des autorités à cette catastrophe. Il est inspiré du livre du directeur adjoint du cabinet du Premier ministre La Crise nucléaire – Un témoignage depuis la Résidence du Premier Ministre. S’il n’utilise quasiment aucune image d’archives, il fait endosser par des acteurs professionnels le rôle des principaux protagonistes : le Premier ministre Naoto Kan, son directeur de cabinet – qui eut la lourde tâche d’informer la presse -, le directeur de l’Agence de sûreté nucléaire, le PDG de la compagnie d’électricité TEPCO…
La gestion de crise est un formidable matériel dramaturgique. Unité de lieu, unité de temps, unité d’action. Tout est combiné pour entretenir la tension. Les séries l’ont bien compris, de West Wing à House of cards en passant par Borgen ou Occupied. Aussi on s’étonne que le cinéma ne se soit pas plus souvent essayé à décortiquer la décision publique en temps de crise. J’ai beau réfléchir, je ne vois guère que Treize jours (2000) avec Kevin Costner sur la crise des missiles à Cuba en 1962. Pourquoi n’y a -t-il pas de films qui racontent en temps réel le 11 septembre à la Maison-Blanche ou le 7 janvier (la tuerie de Charlie Hebdo) à l’Élysée ?
Aussi est-ce avec beaucoup de gourmandise que je suis allé voir cette œuvre japonaise confidentielle sortie en mars dans une seule salle parisienne et bien vite disparue des écrans. La raison en devient vite évidente : Fukushima, le couvercle du soleil n’a pas les moyens de ses ambitions. Le scénario choral s’égare entre des personnages trop nombreux alors qu’il aurait dû se concentrer sur l’entourage du Premier ministre. Les scènes d’extérieur sont trop artificielles pour être crédibles. Tout se réduit vite à des réunions où des conseillers exclusivement masculins – les féministes de Politiqu’Elles pourraient à bon droit s’insurger de la sous-représentation des femmes dans les cercles décisionnels japonais – s’égosillent pour prévenir une catastrophe qu’ils sont impuissants à éviter.