White Riot – du nom d’un des titres des Clash – raconte l’histoire d’un mouvement anti-raciste né en Angleterre à la fin des années 70 en réaction à la montée de la xénophobie : Rock Against Racism.
Documentaire sorti en salles l’été dernier entre deux confinements, White Riot intéressera deux publics.
D’une part les amateurs de musique qui se régaleront en écoutant The Clash, Tom Robinson Band, X-Ray Spex, The Selecters, Street Pulse… et qui pinailleront prétentieusement en relevant que London Calling, le titre iconique avec lequel s’ouvre le documentaire, n’est sorti qu’en décembre 1979, après les faits qu’il relate.
D’autre part les passionnés d’histoire qui replongeront dans l’Angleterre des années 70. On a oublié que la crise profonde qu’elle traversait alors avait nourri, dix ans avant l’essor du Front national en France, un puissant mouvement de racisme et de xénophobie. White Riot montre, à partir de documents d’archives les discours enflammés d’Enoch Powell, le chef du National Front, et les dérives de quelques grands noms de la scène musicale – David Bowie, Eric Clapton. Alors que le mouvement punk criait No Future, les activistes de Rock Against Racism lançaient un fanzine TempoRARy Hoarding dénonçant la peste brune et aspirant à un futur moins noir.
Sans doute White Riot raconte-t-il une page d’histoire qui résonne encore avec notre époque – même si on aurait aimé savoir pourquoi l’extrême-droite anglaise s’était dissoute dans le thatchérisme à la différence de ses cousins continentaux. Sans doute Rubika Shah, sa réalisatrice, a-t-elle honnêtement fait son travail en retrouvant de nombreuses archives et quelques protagonistes de l’époque – dont la dégaine de gentils retraités aujourd’hui ne laisse pas deviner l’engouement des luttes passées. Pour autant, on comprend mal l’intérêt de la sortie de ce documentaire très conventionnel en salles sinon celui de peupler des écrans laissés orphelins depuis que le robinet hollywoodien s’est tari.