Dans Mental (2008), le documentariste Kazuhiro Soda avait déjà filmé la consultation du professeur Yamamoto dans sa clinique, auprès de malades mentaux qu’il accueillait gratuitement au titre de l’aide sociale. Une dizaine d’années plus tard, il le retrouve octogénaire au moment de prendre sa retraite et de se séparer de ses patients. Il doit désormais prendre soin de son épouse frappée de la maladie d’Alzheimer.
Ce documentaire minimaliste est composé de quatre scènes. La première est sans doute la plus intéressante. C’est celle où l’on voit Yamamoto recevoir pour leur dernière consultation quelques uns de ses patients, dont certains qu’il suit depuis des dizaine d’années. Aucun divan dans son cabinet mais deux chaises inconfortables, comme un dispensaire, où le psychiatre et son patient discutent de biais.
Les trois autres scènes du documentaire sont tournées hors du cabinet, semble-t-il après que Yamamoto l’a définitivement quitté. Il est désormais accompagné de sa femme dont on ne nous dit pas mais dont on comprend vite qu’elle est atteinte d’une maladie dégénérative. On les voit d’abord chez eux où ils accueillent le réalisateur et lui proposent de partager une commande de sushis. Puis on les suit chez une amie de longue date qui, avec beaucoup de volubilité, raconte quelques anecdotes de leur passé commun. Enfin on les accompagne sur la tombe des aïeuxs de Yamamoto qu’il vient fidèlement entretenir et honorer.
On veut bien comprendre voire adhérer au projet du film et à sa démarche : nous faire entrer dans l’intimité d’un Juste qui, après avoir consacré sa vie à soigner les parias de la société, consacrera sa retraite à être le bâton de vieillesse de son épouse diminuée. Mais on ne comprend pas pourquoi ce projet-là a besoin d’une durée aussi exténuante – près de deux heures – et surtout de ces interminables plans séquences – le dernier au cimetière dure plus d’une vingtaine de minutes – et que rien ne justifie.