Angie et Pat ont la soixantaine. À force de travail, elles se sont bâti une situation confortable et vivent dans un logement spacieux d’un quartier cossu de Hong Kong. Elles n’ont pas eu d’enfant mais chérissent leur neveu et leur nièce dont elles accompagnent les débuts difficiles dans leurs vies d’adultes : Victor est conducteur Uber et souhaiterait se marier, Fanny, que ses tantes ont hébergée pendant son lycée, s’est elle mariée très jeune et étouffe avec son mari et ses deux enfants en bas âge dans un logement trop exigu.
Pat meurt brutalement intestat. C’est son frère, Shing, et ses enfants, Victor et Fanny qui, en vertu de la loi hong-kongaise, héritent de ses biens. Vont-ils chasser Angie de l’appartement où elle vivait avec Pat ?
Ainsi présenté, Tout ira bien pourrait passer pour un film poussif sur les discriminations subies par les couples homosexuels à la mort d’un des deux conjoints. Même si tel est le thème du film, son traitement est autrement plus subtil. Ray Yeung, réalisateur engagé pour la cause LGBT (on lui doit Un printemps à Hong Kong qui traitait de la difficulté de deux sexagénaires à vivre à visage découvert leur homosexualité), raconte cette histoire avec une délicatesse tout asiatique. La façon de (ne pas) filmer la mort de Pat est par exemple admirable.
Tout ira bien aurait pu être manichéen : auraient pu s’opposer Angie, veuve courage, écrasée de chagrin par la disparition de l’être cher, et la famille de Pat, homophobe et cupide. Mais, comme dans les films de Renoir, chacun a ses raisons et toutes les raisons sont bonnes. Shing, le frère de Pat, a raté sa vie et n’a pas pu donner à ses enfants l’éducation qu’ils auraient méritée. L’avenir qui leur était interdit leur est soudain ouvert grâce à cet héritage providentiel. La défunte et sa conjointe ne l’auraient-elles pas voulu ainsi ?
Film d’une rare élégance, tout en retenue, Tout ira bien est à la fois tendre et cruel.