Acteur raté, Jean-Pascal Zadi, dans son propre rôle, a décidé d’organiser une marche des fiertés noires. Il part à la rencontre des leaders de sa communauté pour les convaincre d’y participer.
Faute de sorties américaines, Tout simplement noir se présente comme le film de la semaine, le seul capable de ramener dans les salles obscures un public qui en a été longtemps sevré mais qui lui préfère ces jours-ci le ciel bleu des terrasses.
Il a quelques arguments en sa faveur. Le premier bien sûr est l’actualité de son thème, en pleines affaires Lloyd et Traoré, alors que le débat récurrent sur le racisme et l’antiracisme s’enflamme d’une actualité nouvelle et prend cette fois ci pour sujet le déboulonnage des statues. Le deuxième est l’angle comique qu’il choisit pour le traiter, le plus susceptible de drainer un large public. Le dernier et non le moindre est la pertinence de son approche, qu’annonce son titre, hymne à l’intégration républicaine et à l’invisibilité mélanique : il n’y a ni honte à avoir ni gloriole à tirer de la couleur de sa peau.
La « condition » noire en France est un sujet inépuisable. Pap Ndiaye lui avait consacré en 2007 un livre qui fit date et annonça la naissance des black studies en France. Il y démontrait que les Noirs en France ne constituaient pas une communauté unie par une même histoire et une même culture, mais une minorité partageant la même condition sociale, souvent victime de discriminations et en souffrance d’intégration. Telle est la thèse de Tout simplement noir : il n’existe pas une identité noire mais plusieurs qu’il est difficile de délimiter et de définir.
La question que soulève la condition noire se divise en autant de sous-questions : quelle est la nature des discriminations dont souffrent les Noirs de France ? faut-il appliquer une politique de quotas pour les combattre ? l’objectif est-il de les rendre plus visibles dans une communauté nationale qui assumerait enfin sa diversité, ou paradoxalement moins visibles dans une société devenue neutre à la couleur de la peau ? le métissage est-il une trahison ou une solution ? existe-t-il une convergence des luttes entre les différents mouvements antiracistes ? la question raciale est-elle soluble dans la question sociale ? l’antiracisme est-il un féminisme ? quelle est la place et l’apport des Antillais et des Africains de souche dans la mouvance ? comment la classe politique s’est-elle emparée de ces questions ? sont-elles l’apanage de la gauche ?
Autant de questions qui sont à peine ébauchées dans un film au scénario paresseux construit comme autant de vignettes autour des rencontres successives et souvent désopilantes de Jean-Pascal Zadi, suivi à la trace par son caméraman, et des célébrités qu’il essaie de rallier. Prenons un exemple : sa rencontre inopinée avec Fabrice Eboué et Lucien Jean-Baptiste dans un restaurant. Le premier, d’origine camerounaise, a réalisé une comédie hilarante sur l’esclavage, Case départ ; le second, martiniquais, a signé La Première Etoile qui raconte les déboires d’un père de famille antillais aux sports de neige. Dans un crescendo très drôle, les deux hommes en viennent aux mains se reprochant, au premier de s’être ri d’un thème dramatique, au second d’avoir signé un film de « Bounty » [le Bounty est un Noir au comportement de Blanc, comme la barre chocolatée « noir dehors et blanc dedans »]. On rit bien sûr devant tant d’hystérie ; mais la réflexion n’est pas poussée bien loin qui aurait pu interroger deux façons d’être noirs en France selon que ses ancêtres ont ou non été victimes de l’esclavage, selon qu’on soit né Français ou qu’on le soit devenu.
Tout simplement noir déçoit plus qu’il ne convainc. Les rares éclats de rire qu’il provoque étaient déjà déflorés par la bande-annonce. Et la réflexion que suscite la lecture stimulante des interviews intelligentes de son réalisateur ne trouve guère d’échos dans son film.
Jeanne (Noémie Merlant auréolée du triomphe de La Jeune Fille en feu) vit seule avec sa mère Margarette (Emmanuelle Bercot ressemble de plus en plus à Nathalie Baye). La jeune fille, d’une timidité maladive, et sa mère, follement extravertie, s’accordent sur leur refus de laisser un homme s’immiscer dans leurs vies. Margarette travaille dans un bar tandis que Jeanne est gardienne de nuit dans un parc d’attractions. Un nouveau manège vient d’y être installé qui exerce sur elle une attraction trouble. Elle lui a donné un nom : Jumbo.
Juan a une chambre à louer dans son vaste appartement constamment envahi par ses amis et ses conquêtes. Gabriel, un jeune veuf, qui a abandonné l’éducation de sa petite fille à ses parents en province, vient l’occuper. Entre les deux hommes naît une irrésistible attraction.
Olivia est sans-papier. Transsexuelle philippine, elle vit à New York, dans le quartier russe de Brighton Beach. Elle est l’assistante de vie d’Olga, une vieille dame souffrant d’Alzheimer, dont le petit-fils, Alex, revient s’installer chez elle après bien des errances. Olivia voit ses espoirs de régularisation disparaître quand le mariage blanc qu’elle s’apprêtait à conclure est annulé.
Gary Zimmer (Steve Carrell) est un consultant politique démocrate qui peine à se remettre de la victoire-surprise de Donald Trump. Découvrant sur YouTube la vidéo d’un colonel en retraite (Chris Cooper) qui s’est dressé devant le conseil municipal de sa petite ville du Wisconsin, solidement républicaine, pour prendre la défense des sans-papiers, il décide de sponsoriser sa candidature aux prochaines élections municipales. Même si l’accueil de ses hôtes est hospitalier, le dépaysement est rude pour Gary qui doit renoncer à ses goûts de luxe. La campagne prend bientôt une dimension nationale et attire une autre consultante, la redoutable Faith Brewster (Rose Byrne) qui travaille pour les Républicains.
Anne Walberg (Emmanuelle Devos) est un nez qui connut jadis son heure de gloire en concevant les plus grands parfums avant d’être brutalement détrônée. Guillaume Favre (Grégory Montel) est son nouveau chauffeur, qui accepte ce travail peu valorisant pour gagner l’argent qui lui permettra de déménager et d’accueillir sa fille unique en garde partagée.
Comment parler de sexualité féminine ? Daphné Leblond à l’image et Lisa Billuart Monet au son sont allées interroger douze jeunes femmes qu’elles filment dans l’intimité de leur chambre.
Âgé de dix-sept ans à peine, le jeune Zacarias s’engage en 1917 pour fuir une famille qui l’étouffe et servir un pays, le Portugal, dont il est fier. Mais au lieu d’être envoyé en France, le voici débarqué au Mozambique pour y combattre les Allemands cantonnés dans le Tanganyika voisin. Sa compagnie est dépêchée sur les bords du lac Nyassa (l’actuel lac Malawi), aux confins nord-est de la colonie. Mais Zacharias, cloué à l’infirmerie par un paludisme foudroyant, reste en arrière. Lorsqu’il est remis sur pied, il n’a qu’une hâte : rejoindre sa troupe. Mais pour ce faire, il devra traverser avec la seule assistance de deux porteurs indigènes à la loyauté incertaine, des milliers de kilomètres de savane hostile.
Bernadette a neuf ans trois quarts. Hyperactive, elle est sourde à toute forme d’autorité et résiste avec la dernière violence à ceux qui entendent la lui imposer. Sa mère a baissé les bras. Les services sociaux ont pris, sans succès le relais.
Alice Guy-Blaché fut l’une des pionnières du cinéma. Secrétaire de Louis Gaumont, elle tourne pour lui dès 1896 de courtes fictions. Elle accompagne aux États-Unis son époux, Herbert Blaché, y crée en 1910 sa société de productions et y fonde l’un des premiers studios de cinéma à Fort Lee dans le New Jersey. Mais le couple divorce et Alice Guy, couverte de dettes, doit vendre son studio en 1922 et revenir en France.