La trentaine bohème, Thomas rend visite à son père installé depuis une vingtaine d’années dans un petit village du Groenland. Il est accompagné d’un ami qui, comme lui, se prénomme Thomas et, comme lui, vit à Paris de petits rôles.
Sébastien Betbeder filme la suite de Inupiluk, un court métrage sur la visite de deux Inuits à Paris. Thomas Blanchard et Thomas Scimeca y tenaient déjà leur propre rôle. Cette fois-ci, c’est à eux de faire le chemin inverse et de bénéficier de l’hospitalité de leurs hôtes groenlandais.
Autant dire que ce Voyage au Groenland est exotique en diable. Sans chercher l’insolite ou le grandiose, la caméra les trouve rien qu’en filmant le calme village de Kullorsuaq, posé au bord de l’océan pris dans les glaces. La vie y suit calmement son cours, sans drame ni coup de théâtre.
Ce parti pris naturaliste est la plus grande qualité de ce fil aux allures de documentaire, de ce documentaire scénarisé comme un film. Il crée une ambiance douce, bienveillante, tendre, à la fois dépaysante et familière. Mais, faute d’enjeu narratif – si ce n’est une amourette avec une jolie autochtone et la maladie de cœur du père -, ce Voyage au Groenland se condamne au surplace.
Il aurait fait, sur le même format que Inupiluk, un excellent court métrage de trente-quatre minutes. Il en fait soixante-quatre de plus. Soixante-quatre de trop.