Laura (Laura Dern), la cinquantaine, est avocate dans une petite ville du Montana. Elle est harcelée par un client désespéré qui ne parvient pas à toucher de son assurance l’indemnité qui lui est due suite à un accident du travail.
Gina (Michelle Williams), la quarantaine, construit avec son mari une maison dans un champ désertique et sollicite un voisin pour qu’il lui cède de vieilles pierres.
Jamie (Lily Gladstone), la petite trentaine, travaille dans un ranch et tombe amoureuse de Beth (Kristen Stewart), une jeune avocate qui arrondit son salaire en donnant des cours du soir.
L’écrivain français Pierre Michon avait signé un recueil de nouvelles intitulées « Vies minuscules ». Ce titre aurait fort bien convenu au film de Kelly Reichardt, adapté de trois nouvelles de Maile Meloy (non traduites en français). Comme le livre de Pierre Michon, « Certaines femmes » raconte trois pans de vie minuscules. La construction est périlleuse : la mode des films à sketches est passée depuis longtemps et la juxtaposition de trois histoires conduit immanquablement à s’attacher à l’une plus qu’aux autres.
Indépendantes les unes des autres, ces trois histoires ont, à y regarder de plus près, beaucoup en commun. Elles ont toutes trois le même cadre : les plaines enneigées du Montana d’où transpire une ineffable tristesse. Ce paysage hivernal était déjà celui des précédents films de Kelly Reichardt, tous tournés dans l’Oregon proche.
Elles ont des héroïnes similaires : des femmes ordinaires confrontées aux défis ordinaires d’une vie ordinaire
Ces histoires flirtent avec l’insignifiance. C’est ce qui fait la beauté du film ; c’est ce qui constitue aussi sa principale limite.
Car de deux choses l’une. Soit on se laissera séduire par la petite musique triste que « Certaines femmes » distille. Soit on s’ennuiera ferme devant un refus si radical de toute dramaturgie.