Cozy s’ennuie. Elle est née et a grandi en Floride, s’y est mariée, a eu des enfants. Mais cela ne suffit pas à faire son bonheur.
Un beau jour, elle prend la poudre d’escampette avec Lee, un jeune tocard croisé dans un bar qui vient de trouver un revolver. Le propriétaire dudit revolver est à sa recherche. C’est Jimmy, le père de Cozy, qui travaille à la police.
Lorsqu’un auteur atteint un certain niveau de célébrité, on exhume ses œuvres de jeunesse. Il est de bon ton de s’en extasier. Soit qu’on les considère déjà comme des œuvres de génie injustement négligées. Soit qu’on y décèle, malgré leurs défauts évidents, les prémices d’un génie en éclosion. C’est le cas des carnets de dessins de Van Gogh, des nouvelles inédites de Proust… et du premier film de Kelly Reichardt qui avait fait sensation à Sundance en 1994 mais qui n’avait pas trouvé de distributeur en France.
La réalisatrice s’est fait un nom dans le cinéma indé américain pour ses films minimalistes et réalistes, prenant souvent pour objet des vies minuscules dans les étendues désertes de l’Oregon : Certaines femmes (dont l’action se déroule au Montana), Night Moves, Wendy & Lucy, Old Joy…. Elle est née au début des années soixante en Floride où se déroule le très autobiographique River of Grass. Son héroïne a le même âge que la réalisatrice. Comme Jimmy dans le film, le père de Kelly Reichardt travaillait à l’identification criminelle.
Le problème est que River of Grass est couturé des défauts qui lestent les œuvres de jeunesse. Filmé à l’arrache (son son est à peine audible, son image est granuleuse), ce petit film d’une heure et quatorze minutes n’a guère d’autres qualités que sa modestie. Le couple formé par Cozy et Lee n’est ni drôle ni attachant. Ses infortunes peinent à retenir l’attention.
River of Grass n’intéressera guère que les fans de Kelly Reichardt attachés à pouvoir prétendre, sans être contredits, qu’ils ont vu tous ses films. Je ne suis pas certain qu’ils soient si nombreux et si prétentieux…