Série porte-étendard de Netflix, censée lui rallier l’audience des boomers (dont je suis), The Crown raconte la vie d’Elizabeth II. Les deux premières saisons, sorties en 2016 et 2017, s’étaient focalisées sur la jeunesse de la reine, interprétée par Clare Foy (couronnée en 2017 par le Golden Globes de la meilleure actrice dans une série dramatique). La troisième saison, sortie en novembre 2019, retrouve la reine en 1964 à l’approche de la quarantaine sous les traits de Olivia Colman (Oscar et Golden Globes 2019 de la meilleure actrice pour son interprétation dans La Favorite).
Vous avez aimé Downton Abbey ? Vous adorerez The Crown. On y retrouve les mêmes qualités : l’élégance aristocratique de la haute noblesse britannique, une intrigue foisonnante, des décors et des costumes à couper le souffle…
La comparaison s’arrête là : Downton Abbey était une fiction feuilletonesque, The Crown est un biopic scrupuleusement attaché à la vérité historique.
Le défi était imposant : comment raconter la vie de la souveraine britannique sans verser dans l’hagiographie ni dans le procès à charge ? Peter Morgan, qui avait signé en 2006 le scénario de The Queen de Stephen Frears, le relève avec brio. Il ne pare pas la reine de qualités qu’elle n’a pas ; il braque sans complaisance les projecteurs vers ses secrets les plus honteux (l’infidélité de son mari, les excentricités de sa sœur…). Mais il lui reconnaît une qualité : le sens du devoir. Il présente la couronne non pas comme un privilège indu mais comme une charge qui a échu à une reine que rien ne prédestinait à régner et dont la seule passion était l’élevage de chevaux. Son rôle constitutionnel lui impose une stricte neutralité politique. Constamment sous le regard du public, qui juge chacun de ses gestes, elle n’a pas le droit de se défendre des attaques dont elle fait l’objet.
La série est construite autour d’un principe simple, au risque d’être répétitif. Chaque épisode évoque un événement majeur de l’actualité politique et internationale qui met en lumière un aspect plus intime de la personnalité de la reine ou de ses proches. Ainsi les premiers pas de Neil Armstrong sur la Lune à l’épisode 7 sont-ils l’occasion pour le prince Philip de prendre conscience de la dépression qui le mine. Ainsi l’intronisation de Charles comme prince de Galles à l’épisode précédent fait-il le constat désabusé de l’impossible émancipation de l’héritier de la couronne.
La saison 3 se termine en 1977. Elle enterre le duc de Windsor ; elle révèle Camila Shand, l’amour de jeunesse de Charles. On attend avec impatience l’arrivée de Margaret Thatcher et de Diana Spencer à la saison 4, avant l’ultime saison qui verra Imelda Staunton reprendre le rôle principal.