C’est l’histoire en trois volets d’un couple en train de se briser.
On suit d’abord Dana qui sort de la gare de Bucarest avec sa valise et qui prend un taxi. Descend-elle d’un train ou était-elle sur le point d’y monter ? On ne le saura pas. Dana est hagarde. Que vient-elle de découvrir ? On ne le saura pas non plus. Elle hésite à rentrer chez elle, croise un voisin dont la femme va accoucher, accompagne le couple à la clinique et finit par se raconter au chauffeur.
On suit ensuite la même nuit Arthur. Bisexuel, il vient de rencontrer via une application Internet Alex et va passer la nuit avec lui. Mais les tocs de son amant compliquent leur rencontre.
On retrouve enfin le couple au petit matin – c’est l’affiche du film. Entre eux, les non-dits se sont accumulés. Ils doivent assister au baptême d’une fille d’un ami, puis déjeuner avec la grand-mère d’Arthur qui harcèle Dana en lui reprochant de ne pas avoir d’enfant.
Si les gens heureux n’ont pas d’histoire, les couples en crise en ont une qui inspirent le cinéma. 2019 n’a pas échappé à la règle qui nous a donné son lot de films qui dissèquent la crise conjugale : Midsommar, Chambre 212, Marriage Story, Mon chien stupide, Retour de flamme…
En voici une version roumaine, qui n’est certainement pas la plus gaie, ni la plus convaincante, ni la plus réussie.
Sauf à avoir lu le résumé qui précède, le spectateur non averti qui découvrira Après la nuit ne comprendra pas immédiatement ce dont il retourne. Son premier tiers est particulièrement déroutant qui suit Dana – dont on ignore qu’elle est mariée – dans son errance nocturne. Le deuxième l’est tout autant qui se concentre sur Arthur.
Marius Olteanu – cinéaste de la Nouvelle Vague roumaine qui avait assisté Cristi Puiu pour la réalisation de Sieranevada – joue sur le format de l’image. Les deux premières parties de Après la nuit sont dans une image carré 1/1 tandis que l’image s’agrandit en 16/9 dans le dernier tiers. Histoire de montrer l’isolement des deux protagonistes dans leurs univers solipsistes dont seul le couple peut les sauver ? Pas si sûr, car la troisième partie, intitulée « Les monstres » (c’est d’ailleurs le titre roumain du film dont on comprend mal pourquoi la traduction française s’est écartée), ne signe pas une béate réconciliation. Au contraire.
On aurait aimé aimer ce film exigeant. Mais, à force d’ellipses, de longueurs et de langueur, Après la nuit nous perd en chemin.