Howard Ratner ne s’arrête jamais. Ce Juif new-yorkais de 48 ans, propriétaire d’une bijouterie, vit dans un angoisse permanente. Atrabilaire, il est convaincu de souffrir du même cancer du côlon que celui qui a emporté son père. Sa vie privée est chaotique, entre sa femme, dont il est en train de se séparer, ses enfants et sa maîtresse qu’il a installée dans l’appartement qu’il possède en ville. Mais c’est surtout ses problèmes d’argent qui le minent. Accro aux paris sportifs et au basket, Howard engage le moindre dollar qu’il gagne sur des mises de plus en plus hasardeuses sans mesurer l’impatience grandissante de ses créanciers qui entendent bien récupérer leur mise. Pour résoudre tous ses problèmes, Howard a peut-être trouvé la martingale : une opale noire éthiopienne dont la valeur estimée avoisine le million de dollars.
Imaginez un semi-marathon mené au rythme d’un 400 mètres, une voiture roulant en troisième à 180 km/h, une pavane jouée au tempo d’une mazurka. Bref imaginez un film en sur-régime de 2h15. Vous aurez Uncut Gems.
Car sitôt passée la première scène qui se déroule dans une mine éthiopienne et aboutit par un étonnant tunnel dans le colon du héros, le film démarre à un rythme haletant qu’il ne quittera jamais. Uncut Gems ne nous laisse pas respirer, qui suit pas à pas la course folle de Howard – dont on s’étonne qu’il ne finisse pas terrassé par un arrêt cardiaque. Ce rythme fou est encore accentué par une musique envahissante.
L’expérience est rude. Et je mentirai en disant que j’y ai pris du plaisir. J’avais éprouvé les mêmes sentiments devant le précédents films des frères Safdie, Good Time, en 2017. Mais, après la scène finale qui m’a cloué à mon siège – ou plutôt à mon canapé, car hélas, Uncut gems, production Netflix, n’est pas sorti en salles – et le générique de fin, au moment de réfléchir à ce que j’allais écrire dans ma critique, je n’ai eu qu’un mot : Waouh !