L’action d’Au-dessous du volcan respecte l’unité de temps et de lieu. Elle se déroule le 2 novembre 1938, le Jour des morts, à Cuernavaca au Mexique. Elle a pour héros un consul britannique dont l’alcoolisme pathologique a causé la perte de sa charge. Geoffrey Firmin (Albert Finney) a sombré dans la boisson parce que sa femme Yvonne (Jacqueline Bisset) l’a quitté, parce qu’aussi il a vécu durant la Première guerre mondiale un traumatisme jamais cicatrisé.
J’avais lu le roman de Malcom Lowry. Je ne l’avais pas aimé. J’avais vu il y a dix ans l’adaptation qu’en avait faite Guy Cassiers au Théâtre de la ville. Je ne l’avais pas aimé non plus. Logiquement, je n’aurais pas dû aimer le film de John Huston – que je suis pourtant allé voir, mû par je ne sais quel masochisme teinté d’encyclopédisme. Divine surprise ! je l’ai aimé !
Pour deux raisons.
La première est la brièveté du film. En moins de deux heures, John Huston – dont c’est l’antépénultième film avant L’Honneur des Prizzi et Gens de Dublin – condense un roman de près de quatre cents pages qui m’avait semblé interminable. Les divagations d’un ivrogne sont un matériau romanesque difficile à manier. Le risque est qu’elles deviennent vite répétitives et lassantes.
Ce risque est évité grâce à l’incroyable prestation de Albert Finney. C’est la seconde qualité du film à mes yeux. L’immense acteur shakespearien est magistral dans le rôle du consul éthylique. Sa démarche vacillante, son smoking sale forment une des images inoubliables du cinéma d’Hollywood. L’Oscar du meilleur acteur lui a échappé de peu. Il fut décerné cette année là à F. Murray Abraham pour son rôle dans Amadeus.