Encore un film français me direz-vous ? Un film sans grand budget mais avec des seconds rôles aux petits oignons ? Un de ceux qui disparaissent de l’écran au bout de deux semaines faute de trouver son public ? Qui passera en fin de soirée sur France 2 ? Qu’on ne trouvera jamais en VOD ni sur Air France ? Certes, mais je les aime tant. C’est à croire que je suis sponsorisé par UniFrance !
Vendeur se déroule dans le monde de l’entreprise. Un milieu que ce cinéma français a investi pour en dénoncer la dureté sinon l’inanité. On pense à Ressources humaines de Laurent Cantet (où il était déjà question de filiation), De bon matin de Jean-Marc Moutout ou, plus récemment, La Fille du patron de Olivier Loustau. Intéressant que cette thématique-là ne soit guère présente dans le cinéma américain – sauf à considérer que la série des Mad Men ou Le Loup de Wall Street sont des films sur l’entreprise.
La cinquantaine, portant beau, Serge (Gilbert Melki époustouflant) vend des cuisines. Son fils, Gérald (Pio Marmai omniprésent sur les écrans pour ma plus grande incompréhension) rêve d’ouvrir un restaurant, mais la crise l’oblige à rejoindre l’équipe de son père.
Pas sûr que cette histoire de filiation soit la dimension la plus réussie de ce film qui aurait pu se suffire à lui-même en se concentrant sur le personnage de Serge. Sa vie privée est une succession d’échecs : de chambres d’hôtels en bars à putes, il a sacrifié sa santé et sa famille à son travail. Un travail fascinant dont le film nous révèle, avec une dureté non dépourvue d’humour, les ressorts. Pour y exceller, il faut pas mal de cynisme, beaucoup de bagout et surtout énormément d’intelligence humaine.
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