Hutch Mansell (Bob Odenkirk) est un nobody, un moins que rien. Marié à Rebecca (Connie Nielsen), père de deux enfants, il mène une existence routinière dans la petite entreprise de son beau-père. Le jour où deux cambrioleurs pénètrent chez lui, son incapacité à protéger sa famille achève de le discréditer aux yeux de son fils aîné.
Mais il faut se méfier de l’eau qui dort. Hutch, dans une vie antérieure sous les drapeaux, a acquis des compétences qu’il va bientôt réutiliser. Hélas pour lui, il s’en prend sans le savoir au jeune frère de Yulian Kusnetsov, un baron de la mafia russe, qui lance contre lui ses hommes. Pour défendre sa famille, Hutch n’a plus d’autre choix que de faire tomber les masques.
« Les gens insignifiants sont parfois les plus dangereux ». Nobody semble avoir été écrit, filmé, monté et distribué dans le seul but d’illustrer cet adage simpliste et improbable. Un adage qui, il est vrai, flatte chaque spectateur (le masculin étant de rigueur tant il semble évident qu’aucune spectatrice soit assez stupide pour y adhérer) qui, aussi minable soit-il en apparence, rêve de cacher peut-être un héros qui s’ignore. Plusieurs films de super-héros reposaient sur ce ressort : Superman, Spiderman… Mais c’est surtout à John Wick que Hutch Mansell fait penser, le héros du film homonyme sorti en 2014. L’ancien tueur à gages, interprété par Keanu Reeves, a eu un tel succès que le film a généré une franchise qui compte déjà – hélas – quatre titres.
Bob Odenkirk interprète donc le même personnage improbable, capable de décimer à mains nues la horde de mafieux russes lancés à ses trousses. Le scénario ne s’embarrasse pas d’être crédible, préférant verser dans une surenchère de violence gratuite (le film est interdit aux moins de douze ans) gentiment surréaliste (une baston épique dans un bus municipal est montée sur le tube des 60ies The Impossible Dream ultérieurement repris par Brel).
On aurait eu la dent plus dure avec ce grand n’importe quoi, chassé des salles après trois semaines d’exploitation à peine, s’il n’était pas sauvé par l’interprétation de Bob Odenkirk, l’avocat véreux de Breaking Bad qui inspira le spin-off Better Call Saul. On n’imaginait pas ce monsieur Tout-le-monde dans le rôle d’une machine à tuer et c’est précisément son contre-emploi qui fait mouche.