Az (Yasin Houicha) est né et a grandi à Sète. Il est depuis longtemps en couple avec Jessica (Tiphaine Daviot) qui rompt avec lui le jour où il lui demande sa main et le laisse éploré. Mais Az peut compter sur ses amis pour le réconforter et sur Lila (Oulaya Amamra), une jeune chorégraphe qui est allée se brûler les ailes à Paris, pour lui apprendre à danser et reconquérir son aimée.
Emma Benestan fut l’assistante réalisatrice d’Abdellatif Kechiche. Elle réalise son premier film à Sète, sur les lieux même où furent tournés La Graine et le Mulet et Mektoub, my love. Elle filme les mêmes jeunes et leurs marivaudages amoureux. Certes sa caméra n’a pas la même intensité que celle de son impressionnant mentor. Elle ne suscite pas non plus le même malaise que le male gaze reproché à Abdellatif Kechiche.
Fragile est autrement plus léger, qui louche volontiers du côté de la comédie romantique (la réalisatrice parle dans son dossier de presse mi-ironique d’un Dirty Dancing sétois). Trois étoiles pourrait sembler bien généreux pour un film si frivole et l’est probablement. Mais Fragile est parfaitement réussi, drôle, touchant, crédible, enthousiasmant. Son scénario ménage quelques efficaces rebondissements jusqu’à sa conclusion prévisible mais enthousiasmante. Sa direction d’acteurs est aux petits oignons, qu’il s’agisse des seconds rôles particulièrement réussis interprétés par Guillermo Guiz et Raphaël Quenard, ou de Oulaya Amamra, César du meilleur espoir féminin pour Divines en 2017, qui confirme si besoin en était, que le cinéma français compte une nouvelle star.