Début 2020, François Ruffin, député de La France insoumise, se voit confier par l’Assemblée nationale une mission d’études sur les métiers du lien. Ces métiers dévalorisés et mal reconnus sont presque toujours exercés par des femmes qui s’occupent de personnes âgées dépendantes ou d’enfants handicapés.
Comme l’usage le veut, la mission est bicéphale : un député d’opposition + un député de la majorité. On met dans les pattes du député LFI un élu En marche, Bruno Bonnell, ancien chef d’entreprise et chantre d’un capitalisme contre lequel Ruffin s’est toujours battu. Entre les deux hommes pourtant, malgré les différences idéologiques et la crise du Covid qui ralentira leurs travaux, naîtra une complicité inattendue pour la défense des plus défavorisées.
François Ruffin est désormais devenu une personnalité reconnue. Il ne l’a pas toujours été. Au début était une lettre d’information, Fakir, au ton volontiers provocateur mais au tirage confidentiel. La célébrité est arrivée avec un documentaire désopilant Merci patron !, César du meilleur documentaire 2017, et avec son élection-surprise à l’Assemblée nationale. Un an après J’veux du soleil, road-movie au pays des Gilets jaunes, François Ruffin et son compère de lutte Gilles Perret ne se sont pas laissés intimider par le Covid pour filmer Debout les femmes !
Je n’ai aucune sympathie pour la ligne politique défendue par François Ruffin et par son parti. Je nourris même une aversion spontanée et totalement irrationnelle pour son lider maximo. Pour autant cela ne m’empêche pas de reconnaître que les documentaires de François Ruffin frappent juste et touchent au cœur.
Son propos est-il totalement sincère ? Peut-être pas. Y a-t-il une part de manipulation dans son apparente candeur ? Peut-être. Mais peu importe. Je ne veux pas lui intenter ce procès-là.
Je veux juste reconnaître ce que toute personne sensée se doit de reconnaître, qu’elle soit de droite, de gauche ou d’ailleurs. Ces « métiers du lien », comme l’a amplement démontré la crise du Covid, sont indispensables. Et ils sont exercés par des femmes qui ne sont pas reconnues. La moindre des décences est de leur conférer un statut, un droit à la protection de l’emploi, à la formation, à l’évolution de leur carrière, de leur assurer des conditions de travail normales et de leur verser un salaire décent. Ni plus ni moins.