Rose Goldberg (Françoise Fabian) a toujours vécu dans l’ombre de son mari. Elle a consacré sa vie à l’éducation de ses trois enfants. À soixante-dix huit ans, à la mort de son mari, elle se cherche une raison de vivre, elle qui s’est toujours oubliée au profit des autres.
Ces temps ci, au cinéma, qu’on regarde The Father, Falling ou Tout s’est bien passé, les septuagénaires étaient des vieillards cacochymes, frappés d’une maladie dégénérative. Rose Goldberg n’a pas de tels soucis. Elle a encore sa tête et ses jambes. Mais c’est le cœur qui flanche quand son mari disparaît.
Rose raconte un vrai phénomène de société : le veuvage qui touche, on le sait, plus souvent les femmes, dont l’espérance de vie est plus élevée que celle des hommes. D’ailleurs la salle où je l’ai vu était remplie de femmes d’un certain âge (je n’oserais, sauf à passer pour un goujat, préciser lequel) cramponnées à leur sac à main.
Rose déroule une partition sans surprise. À la première phase de sidération, d’abattement que traverse la veuve pas vraiment joyeuse, succède une seconde, plus gaie, qui la voit se reprendre en main, décider de s’assumer voire de se donner le plaisir qu’elle s’était toujours refusé : un verre d’alcool, une virée en voiture, un flirt….
Une belle brochette de seconds rôles accompagnent Françoise Fabian, impériale dans le rôle-titre. Ses enfants l’entourent de leur affection envahissante, dans des dîners de famille joyeux et bruyants. On les voit tour à tour, chacun dans leurs scènes, qui dévient le film de son cours mais qui sont suffisamment attachantes pour qu’on le leur pardonne : le fils aîné (Grégory Montel) est devenu un grand chirurgien ; la fille (Aure Atika toujours parfaite) ne se remet pas de son divorce ; le fils cadet (Damien Chapelle) vit aux crochets de sa mère.
Rose réjouira toutes les spectatrices qui y verront un modèle pour inspirer le dernier tiers (quart ?) de leur vie. Quant aux autres….