Sebastià Comas, un journaliste morphinomane (Roger Casamajor), enquête à Barcelone en 1912 sur la mystérieuse disparition de jeunes enfants. Le chef de la police (Sergi Lopez) a mis sous les verrous une guérisseuse (Nora Navas) qui clame son innocence. Mais Comas, aidé d’Amèlia, une prostituée (Bruna Cusí), est sur une autre piste qui compromet la haute bourgeoisie de la ville.
Les Mystères de Barcelone a obtenu cinq Gaudí début 2021 dont celui du meilleur film. Les Gaudí (ou Gaudis ?) sont décernés chaque année depuis 2009 à Barcelone par l’Académie du cinéma catalan. Un prix est décerné au meilleur film en langue catalane – catégorie dans laquelle concourait Les Mystères… – et un autre au meilleur film en langue non catalane – dont je me demande s’il s’agit exclusivement du castillan ou s’il peut s’agir d’une autre langue…. sachant qu’un troisième prix est décerné au meilleur film européen… laissant ouverte la question de savoir si le prix du meilleur film en langue non catalane peut être décerné à un film non européen…. Bref
Il y aurait à écrire un article sur ce prix et sur ceux distribués dans d’autres régions d’un Etat fédéral ou semi-fédéral (je pense aux Prix Jutra/Iris au Québec… mais il en existe sûrement d’autres). Ont-ils été créés en réaction aux prix décernés dans la capitale ? S’en distinguent-ils uniquement par la langue ? Sont-ils l’occasion de l’expression de revendications sécessionnistes ou indépendantistes ?
Mais revenons aux Mystères... – une traduction maligne qui, de La Vampira de Barcelona, un titre intraduisible (la vampire de Barcelone ? la vampiresse de Barcelone ?), fait un clin d’oeil au roman-feuilleton d’Eugène Sue bien connu de ce côté-ci des Pyrénées, .
Sa bande-annonce m’avait mis l’eau à la bouche. Le sujet me semblait intéressant : une plongée dans les bas-fonds de la métropole catalane en plein essor (elle était déjà, l’héroïne du chef d’oeuvre d’Eduardo Mendoza La Ville des prodiges qui enjambait cette époque). Et son traitement visuel encore plus, qui, comme Blancanieves, un autre film espagnol (ou catalan ?), jongle avec les effets visuels, le noir et blanc et la couleur, les décors dessinés et les ombres chinoises.
J’avoue une pointe de déception. Les Mystères… se complaît vite dans une ambiance glauque et manichéenne, mettant face à face des bourgeois dépravés et pédophiles et des gueux faméliques. Le film, interdit aux moins de douze ans avec avertissement, est éprouvant et je comprends l’écoeurement des spectateurs qui ont quitté la salle en cours de route.
Quant au traitement visuel expressionniste, on s’en lasse vite.
Si Les Mystères… s’achève par un plan sublime, il accumule trop de noirceurs pour ne pas friser l’overdose.
😀 J’aime beaucoup vos questionnements de nature linguistique (et politique, forcément) !
A quand des Awards à Edimbourg ? à Anvers ? à Saint-Moritz (quoique je ne sois pas sûr de la vitalité du cinéma romanche) ?