L’équipe chinoise de « Une famille du Whenzou », une série à succès diffusée en prime time sur CCTV1 – l’équivalent chinois de TF1 – a débarqué à Marseille en janvier 2015 pour y tourner quelques épisodes de sa deuxième saison. La série a conquis 145 millions de spectateurs, séduits par son cosmopolitisme : la première saison se déroulait en partie aux États-Unis et en Australie.
L’équipe chinoise a recruté un réalisateur français sinisant, Renaud Cohen, pour l’aider dans le casting des acteurs français, le choix des lieux de tournage et la production de leur série.
Malgré la bonne volonté de tous, le fossé culturel semble infranchissable.
On avait déjà remarqué la facétie de Renaud Cohen qui avait réalisé en 2011 Au cas où je n’aurais pas la Palme d’or, une comédie sur un cinéaste quadragénaire qui, lorsqu’il se découvre une maladie mortelle, décide de s’atteler au tournage de son dernier film. Dans son nouveau documentaire, sept ans plus tard, ce réalisateur trop rare fait preuve d’une drôlerie rafraîchissante. Des Chinois stakhanovistes, obsédés par la maîtrise des coûts, dénués de la moindre ambition artistique, des Provençaux pantois devant ces étrangers incompréhensibles, une star coréenne narcissique, un résultat navrant avec un doublage ridicule : Renaud Cohen se moque gentiment de tous, à commencer par lui-même, sans jamais se départir de sa bienveillance.
Les Chinois et moi est une pépite. Perdu au milieu d’une actualité cinématographique écrasante (il sort en plein festival de Cannes la même semaine que le Jarmusch et le Almodovar), diffusé dans une seule salle parisienne à des horaires baroques, il est condamné à l’invisibilité. Et c’est bien dommage.