Charlotte ★☆☆☆

Charlotte Salomon est morte à Auschwitz en 1943. Elle avait vingt-six ans. Elle était enceinte de cinq mois de son mari, qu’elle avait rencontré à Villefranche-sur-mer où elle était venue se réfugier en 1939. Elle avait quitté ses parents et l’Allemagne nazie où sa judéité l’avait empêchée de suivre les cours de l’Académie des arts de Berlin.
Durant son séjour à Villefranche, Charlotte avait peint plus d’un millier de gouaches et d’aquarelles qu’elle avait rassemblées dans une oeuvre gigantesque, Leben? oder Theater?, qui est aujourd’hui considérée comme le premier roman graphique.

C’est à cette vie tragique qu’est consacré ce dessin animé – ou plutôt ce « film d’animation » selon l’expression désormais consacrée – canado-belgo-français. Tout y est sagement raconté avec un dessin très classique en 2D, dans la même palette chromatique que les gouaches de Charlotte (le noir n’est jamais utilisé) : l’antisémitisme des Nazis en Allemagne, les secrets de famille trop longtemps enfouis, l’exil ensoleillé au bord de la Méditerranée. Les circonstances de la mort du grand-père de Charlotte – qu’elle empoisonna avec une omelette au véronal – ne sont pas cachées ; mais ses motifs – ledit grand-père aurait abusé de sa petite-fille – sont passés sous silence.

Charlotte est un film qu’il faut voir avec un pré-ado pour le sensibiliser à ce destin tragique. Mais sans cet alibi, il ne mérite pas le détour. Autant lui préférer la lecture de la biographie de David Foenkinos qui reçut à sa parution en 2014 un succès mérité et permit de sortir cette figure de l’oubli dans lequel elle avait glissé.

La bande-annonce

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